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Conflits d’intérêts

Diesel : le Dr Michel Aubier poursuivi pour parjure

Par la rédaction

Le médecin est poursuivi pour « parjure devant le Sénat » après avoir minimisé l’impact du diesel alors qu’il était rémunéré par Total.

fermate/epictura

C’est une première sous la Ve République… et il n’y a pas de quoi s’en réjouir. Le pneumologue Michel Aubier sera jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour « parjure devant le Sénat ». En 2015, il a menti sous serment devant une commission d'enquête parlementaire sur la pollution, en omettant de déclarer ses liens avec l'industrie pétrolière.

Devant le Sénat, le célèbre professeur de pneumologie avait ainsi minimisé les conséquences sanitaires des particules fines émises par les moteurs diesel, montrant patte blanche et promettant toute absence de lien avec l'industrie pétrolière. Il était pourtant rémunéré 50 000 à 60 000 euros par an par Total depuis la fin des années 1990 en tant que médecin-conseil. La présidence du Sénat avait signalé son cas à la justice en avril 2016.

 

"Nombre de cancers faibles"

Comme l'a révélé Le Monde, le pôle santé publique du parquet de Paris a décidé de poursuivre le Pr Michel Aubier pour « faux témoignage sous serment ». Visé par une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, le 14 juin, il encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.

A l’époque, le Sénat enquêtait sur le coût économique et financier de la pollution de l'air. Devant la commission, Michel Aubier avait notamment déclaré que « le nombre de cancers dans les pathologies respiratoires (...) liées à la pollution est extrêmement faible ».

48 000 décès par an

Un constat à contre-courant des études scientifiques, qui évaluent à un an la perte d’espérance de vie en France liée à la pollution atmosphérique. Santé Publique France la juge ainsi responsable de 48 000 décès annuels. L’Organisation Mondiale de la Santé classe quant à elle le diesel parmi les cancérogènes certains.

Selon Le Monde, le pneumologue se défend des accusations de conflit d’intérêts et assure, par la voix de son avocat, n’avoir été qu’un « médecin du travail » chez Total. Selon les informations du quotidien, il détiendrait pourtant des actions du groupe pétrolier, et participe régulièrement au conseil d'administration de sa Fondation.