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Pour certaines femmes

Ménopause : les traitements hormonaux amélioreraient la santé cardiaque

Par Anne-Laure Lebrun

Les femmes ménopausées recevant des hormones sont moins susceptibles de développer une athérosclérose que les femmes non traitées.

HighwayStarz/epictura

Les traitements hormonaux de la ménopause (THM) allongeraient l’espérance de vie des femmes et réduiraient leurs risques de souffrir de maladies cardiovasculaires par rapport à celles qui ne reçoivent pas ces médicaments. Ces résultats seront présentés la semaine prochaine au congrès de la Société américaine de cardiologie organisé à Washington DC.

Jusqu’au début des années 2000, ces traitements à base d’œstrogènes et/ou de progestérone ont été largement prescrits aux femmes ménopausées. Mais dès la fin des années 1990, les THM deviennent des médicaments controversés. S’ils préviennent les bouffées de chaleur, les troubles de l’humeur ou l’ostéoporose, ils augmentent aussi le risque du cancer du sein, des ovaires et de l’endomètre, ainsi que les pathologies thrombo-emboliques. Une étude française a récemment montré que 15 % des cancers du sein pourraient être évités si la prescription de THM était limitée.

« Au cours des 15 dernières années, la peur du cancer et des autres risques liés à ces médicaments a mené à une baisse conséquente des femmes traitées, indique le Dr Daniel Berman, directeur du service d’imagerie cardiaque au Centre de Cerdars-Sinai (Etats-Unis). Or notre étude suggère qu’avec une bonne sélection des patientes et un suivi de qualité, les traitements à base d’œstrogènes ou d’hormones similaires peuvent améliorer la santé cardiaque et la survie globale de certaines femmes ».

Une chute de la prescription

Les chercheurs se sont appuyés sur les dossiers médicaux de plus de 4 200 femmes ayant passé un scanner des artères coronaires dans le service du Dr Berman entre 1998 et 2012. Cet examen permet d’évaluer la quantité de calcium dans les artères, facteur de risques pour la formation de plaques d’athérome dans les vaisseaux. Elles augmentent les risques de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC).

Parmi ces femmes, 41 % ont rapporté lors du scanner avoir pris un THM, et 6 % sont décédées au cours du suivi. Les données collectées par les médecins confirment la chute de l’usage des THM. Alors qu’en 1998, 60 % des femmes recevaient des hormones, 23% étaient traitées en 2012. Les patientes traitées par THM étaient plus âgées (en moyenne 64 ans) que les autres participantes.

Après avoir pris en compte, l’âge, la quantité de calcium dans les artères (score calcique) et les différents risques cardiovasculaires (diabète, hypertension, cholestérol), les résultats montrent que les femmes sous THM avaient un risque de mourir réduit de 30 % par rapport aux femmes non-traitées. En outre, elles étaient 20 % plus susceptibles d’avoir un score calcique proche de zéro (soit un risque faible de crise cardiaque).


De nombreuses contre-indications

« Les THM permettent de réduire l’athérosclérose et améliore la survie à tout âge et en fonction de tous les scores calciques, conclut Yoav Arnson, étudiant en post-doctorat au Centre Cedars-Sinai et auteur principale de l’étude. A partir de ces résultats, nous pensons qu’ils sont bénéfiques, mais nous avons besoin d’études randomisées et prospectives pour confirmer ces conclusions et identifier le groupe de femmes pour qui ces traitements ne seront pas positifs, ou pire pourrait être préjudiciables ».

Au vu des connaissances actuelles, il existe de nombreuses contre-indications. Les femmes ayant des antécédents de cancer du sein, d’embolie pulmonaire ou d’hypertension artérielle grave ne peuvent pas prendre ces médicaments. Outre ces cas particuliers, il est recommandé de les réserver aux femmes dont la qualité de vie est très impacté par les symptômes de la ménopause.