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Etude menée aux Etats-Unis

Cancer colorectal : les moins de 50 ans de plus en plus exposés

Par Audrey Vaugrente

Le cancer colorectal recule chez les plus âgés mais progresse chez les quadragénaires. Une étude menée aux Etats-Unis suggère une extension du dépistage organisé.

Steve Beshear/Flickr

Faut-il revoir le dépistage organisé du cancer colorectal ? Destiné aux 50-74 ans, il pourrait omettre une partie des victimes de cette pathologie. En effet, les tumeurs invasives sont en hausse chez les jeunes patients – âgés de moins de 50 ans. Une étude menée aux Etats-Unis le révèle dans le Journal of the National Cancer Institute. La tendance à la baisse se confirme tout de même chez les personnes visées par le dépistage bisannuel.

Des courbes opposées

Les résultats de cette étude rétrospective, menée sur 40 ans, peuvent sembler contre-intuitifs. Et pourtant, sur les 500 000 cas de cancer colorectal diagnostiqués au cours de cette période, la répartition entre les classes d’âge évolue. Elle est nettement défavorable aux jeunes.

Par rapport aux personnes nées en 1950, celles qui ont vu le jour dans les années 1990 sont deux fois plus exposées au cancer du côlon. C’est pire pour le cancer du rectum : leur risque est quatre fois plus élevé.

Ce fossé s’explique par l’évolution des diagnostics au sein des différentes tranches d’âge. Depuis les années 1980, le taux d’incidence décline chez les plus âgés. Ainsi, dans le cas du cancer du côlon, ce taux a baissé de 0,5 à 1 % par an chez les 40-54 ans. A l’inverse, il a grimpé de 1 à 2 % par an parmi les 20-39 ans. Le bilan est encore plus sombre dans le cas du cancer du rectum, qui progresse de 3 % par an chez les jeunes et recule de 2 % par an chez leurs aînés.



Renforcer la prévention

Ces résultats doivent servir d’alarme, selon les auteurs de cette étude. Car les explications sont relativement simples : sédentarité et régime occidental favorisent la survenue de cancers colorectaux. Sans compter la forte présence du surpoids et de l’obésité dans le pays de l’Oncle Sam, où 40 % de la population est touchée.

« La tendance chez les jeunes sert de baromètre pour le poids à venir des maladies, estime Rebecca Siegel, premier auteur de l’étude. Des campagnes de prévention sont nécessaires pour alerter les médecins et le grand public sur ce phénomène. » L’objectif ne varie pas : inciter à un mode de vie plus sain. Car les conclusions de la publication ne laissent aucune ambiguïté à ce sujet. « Si le cancer colorectal précoce a une composante familiale supérieure aux formes tardives, la majorité des cas sont sporadiques. »

Les chercheurs estiment aussi que l’âge plancher du dépistage doit être revu à la baisse. Les chiffres confirment le bien-fondé de cette suggestion : en 2013, 10 400 nouveaux cas de cancer colorectal ont été détectés chez des quadragénaires. Reste la question du rapport coût-efficacité d’une telle évolution.

La France, pour sa part, joue le jeu de la prévention à chaque mois de mars - surnommé Mars Bleu pour l'occasion. Cette année encore, la Ligue contre le cancer circule dans toute la France avec un côlon géant, afin de sensibiliser la population.