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Chez la souris

Diabète : le jeûne pour limiter son développement

Par Anne-Laure Lebrun

Un régime mimant le jeûne permettrait de forcer les cellules du pancréas à devenir des cellules embryonnaires. Une étape qui permettrait de restaurer la production d'insuline.

zaretskaya/epictura

Le jeûne, arme secrète contre le diabète ? C’est en tout cas ce que suggère une étude menée par l’université de Californie du Sud et publiée dans le journal scientifique Cell. Les chercheurs ont montré qu’un régime très pauvre en calories pouvait limiter le développement du diabète, voire même restaurer la production d’insuline.

Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe dirigée par Valter Longo a étudié des souris diabétiques puis des cellules humaines de pancréas. Cinq jours par semaine, les cobayes de laboratoire consommaient un nombre très limité d’aliments et revenaient les deux jours suivants à une alimentation normale. L’analyse de certains biomarqueurs indique que ce régime a les mêmes effets physiologiques qu’un jeûne.


Relancer la production d'insuline

Un régime restrictif qui aurait le pouvoir de réinitialiser l’organisme en ralentissant le vieillissement et en favorisant la naissance de nouvelles cellules, comme l’a montré une étude publiée début février dans Science translationnal medicine. Ces effets seraient liés à l’inhibition de 3 gènes. Les chercheurs californiens ont supposé que cette régulation pouvait aussi forcer les cellules du pancréas à redevenir des cellules embryonnaires. Un retour en arrière qui permettrait de produire de nouvelles cellules bêta productrices d’insuline. Une hypothèse confirmée par les expériences des chercheurs, à la fois chez des animaux atteints de diabète de type 1 et des cellules humaines.

« Durant la privation, les cellules sont en pause, explique le responsable des travaux. Puis lorsque les souris sont à nouveau nourries, les cellules au stade embryonnaires entament leur transformation en cellules bêta ». Ce résultat suggère que le jeûne est capable de reprogrammer les cellules pancréatiques qui peuvent ainsi s’auto-réparer.


Des essais chez l'homme

Pour les auteurs, ces résultats sont très encourageants car ils suggèrent qu’un simple changement d’alimentation permettrait de ralentir la progression de la maladie. « D’un point de vue scientifique, ces résultats sont encore plus importants car ils montrent qu’il est possible de reprogrammer des cellules grâce à l’alimentation et ce sans induire d’altérations génétiques », se réjouit Valter Longo.

Les chercheurs se sont déjà attelés au lancement d’essais cliniques chez l’homme. Ils souhaitent également déterminer si ce processus agit dans d’autres cellules. « Le plus incroyable est que ce système a toujours été là. Maintenant que nous l’avons découvert, nous allons pouvoir trouvé comment travailler avec et l’utiliser pour le bien des patients », conclut le scientifique.