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Entretien avec le Dr Jean Leonetti

Santé : François Fillon enterre le petit risque

Par Bruno Martrette

François Fillon a revu sa copie en matière de santé. Il plaide désormais pour des mesures comme le remboursement à 100 % par la Sécurité sociale des lunettes pour les enfants.

CHAMUSSY/SIPA

A l'initiative de la Mutualité Française, cinq prétendants à la présidence de la République ont présenté ce mardi leur programme santé. Devant l'auditorium comble du Palais Brongniart (Paris), Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon, Yannick Jadot et François Fillon se sont prêtés à l'exercice de ce grand oral. Face à eux, trois think tanks (Fondapol, Fondation Jean-Jaurès et Terra Nova) se sont ensuite relayés pour faire préciser aux candidats certaines de leurs propositions. 

Mais le vainqueur de la Primaire de la droite était particulièrement attendu. Empêtré dans le Penelope Gate, le député de Paris avait défrayé la chronique l'an dernier avec sa volonté de créer deux paniers de soins. Le premier pris en charge par l'Assurance maladie devait rembourser le « gros risque » (les maladies chroniques par exemple).

A côté, François Fillon voulait confier le remboursement du « petit risque » (rhumes par exemple) aux complémentaires santé. Une histoire qui se conjugue désormais au passé puisque l'ex-Premier ministre a profondément transformé son ordonnance pour la France. Contacté par FréquenceM, le Dr Jean Leonetti, porte-parole des questions de santé, dévoile le nouveau programme de son candidat.

François Fillon a-t-il définitivement renoncé au petit risque ?
Dr Jean Leonetti : Oui, c'est la fin de la notion de petit et grand risque. Ce terme est maladroit. Il peut laisse penser qu'il va y avoir un déremboursement des soins. En plus, ce terme est impossible à définir.
A présent, nous allons dire aux complémentaires santé qu'elles ne doivent plus être des payeurs aveugles. Nous allons les asseoir à la même table que la Sécurité sociale et les professionnels de santé. Mais en même temps, elles devront accepter plus de responsabilités et plus d'engagements. Le premier volet c'est qu'elles ne pourront pas augmenter leurs cotisations. Deuxième point, on veut que tous les enfants aient des lunettes remboursées à 100 % dès 2017. Enfin, on veut arriver à un reste à charge de zéro à la fin du quinquennat (2022) pour les dépenses de santé les plus coûteuses pour les ménages (optique pour les adultes, prothèses dentaires, audioprothèses et dépassements d’honoraires), grâce à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires.
 


Les personnels hospitaliers devront-ils travailler plus sans contrepartie ?

Dr Jean Leonetti : Non, je pense même désormais que cela n'a jamais été dans le projet de François Fillon. Ce que nous voulons en réalité, c'est donner plus d'autonomie et de marges de manoeuvre aux hôpitaux. Je suis certain qu'il y a des infirmières qui préfèreront travailler 37  heures plutôt que d'avoir des tas d'heures supplémentaires non payées, non récupérées, comme c'est le cas actuellement dans de nombreux établissements de santé.
A ce moment-là, dans le cadre d'une négociation ouverte, avec des partenaires sociaux responsables, nous pourrons faire évoluer ces éléments-là. Le programme de François Fillon se résume avec cette formule : plus de liberté et plus de responsabilités. 


Comment François Fillon va-t-il s'emparer du chantier de la prévention ?   

Dr Jean Leonetti : Il faut d'abord remettre la prévention à l'ordre du jour. Par exemple, en faisant en sorte que la médecine scolaire soit effectivement une médecine de prévention chez les tout-petits. Cela se fera aussi en remettant le médecin traitant au coeur d'un dispositif de prévention. Ainsi, tous les deux ans, tous les Français auront le droit à une consultation plus longue, plus minutieuse qu'une consultation moyenne. Elle fera l'évaluation de tous les risques de santé de l'individu. Comme elle sera rémunérée en conséquence, elle redonnera confiance aux professionnels libéraux tout en apportant une prévention efficace pour l'ensemble de nos concitoyens.