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Obligation vaccinale

Vaccins : les médecins pressent Marisol Touraine de se positionner

Par Jonathan Herchkovitch avec Audrey Vaugrente

Un syndicat de médecins libéraux demande à la ministre de la Santé de suivre les conclusions du rapport Fischer, qui recommande une extension temporaire de l’obligation vaccinale.

Saaaaa/Epictura

Faute de réactivité du gouvernement, la bataille continue sur l’obligation vaccinale. Alors que des vaccins trivalents DT-Polio pour permettre de ne vacciner que pour les trois maladies obligatoires (diphtérie, tétanos, polio), la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) demande à l’inverse que l’obligation soit étendue aux vaccins non obligatoires (coqueluche, rougeole, hépatite B).

Le syndicat de médecins libéraux estime en effet que la décision du Conseil d’État met en jeu la responsabilité médicale des praticiens, qui redoutent la disparition de la vaccination contre la coqueluche, non obligatoire mais immunisant contre « une affection extrêmement grave chez le nourrisson ». Elle était imposée de facto par l’utilisation de vaccins tétra-, penta- et hexavalents, les seuls actuellement disponibles sur le marché pour se faire vacciner contre le DT-polio. La CSMF soutient ainsi les conclusions du rapport Fischer, publié fin 2016.

« L’extension des obligations vaccinales, comme le préconise le rapport Fischer, remplirait un double objectif : mettre en adéquation la loi avec les besoins de santé, et répondre aux contraintes actuelles. Quels vaccins et pour qui ? De façon à ne pas mettre les médecins en position intenable d’un point de vue médico-légal, expliquait ce vendredi le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, dans un communiqué. La vaccination est un enjeu de santé publique primordial : le gouvernement ne peut laisser la population dans l’incertitude. »

Une obligation temporaire pour 11 vaccins

Suite à la concertation citoyenne, le rapport Fischer avait conclu à la nécessité d’étendre l’obligation et d' inclure les 8 autres vaccins recommandés : coqueluche, hépatite B, Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C, rougeole, rubéole et oreillons. Une obligation temporaire, destinée à rétablir la confiance des Français et qui, à terme, pourrait être levée.

Une décision qui n’était pas pour plaire aux ligues anti-vaccinales, qui avaient soumis une pétition au Conseil d’État, demandant que soit mis à disposition le vaccin DT-Polio seul, absent des pharmacies depuis 2008. Les seuls vaccins disponibles contiennent aussi un vaccin contre la coqueluche via les vaccins tétravalent, voire penta ou hexavalents, avec en plus hépatite B et Haemophilus influenzae.

Une décision purement juridique dans un contexte absurde

La décision du Conseil d'Etat force Marisol Touraine à se positionner rapidement, estime le Pr Alain Fischer, président de la concertation citoyenne sur la vaccination, qui comprend la réaction du Conseil d’État sur le plan juridique face au vide décisionnaire du ministère de la Santé, mais qui regrette l’absurdité de la situation. « Le Conseil d’Etat, je pense, prend une décision qui, sur un plan juridique, est illogique avec le fait qu’il y ait trois vaccins obligatoires et que les autres soient seulement recommandés, expliquait-il ce vendredi à Pourquoidocteur. Le contexte est juste absurde, mais juridiquement fondé. »

« Pour moi il y a une certaine urgence à se positionner poursuivait-il. Comme nous l’avions écrit dans notre rapport, il y a quelques semaines, cette situation où trois vaccins sont obligatoires et les autres recommandés n’a absolument aucun sens. »

La bataille juridique et de fond continue donc, dans un cadre de méfiance croissante des Français face à la vaccination. En ne réagissant pas suffisamment rapidement, le gouvernement se met lui-même dans l’embarras. Il doit désormais modifier la législation pour étendre l’obligation vaccinale, ou imposer aux laboratoires de mettre à disposition des vaccins trivalents.

 

Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec le Pr Alain Fischer.