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64ème Journée mondiale

Lèpre : 56 cas à Mayotte et 4 à La Réunion en 2015

Par la rédaction

Selon les Agences Régionales de Santé (ARS), 250 personnes touchées par la lèpre vivent en France, toutes originaires des DROM-COM ou de l’étranger. 

meodif/epictura

Un cas de lèpre est détecté toutes les deux minutes dans le monde. C’est loin des 5 millions de cas annuels enregistrés il y a une cinquantaine d’années, mais l’Ordre de Malte et la Fondation Raoul Follereau, principaux acteurs dans la lutte contre la lèpre, souhaitent à nouveau mobiliser sur le sort des lépreux dans le monde. « Rendre visible l’invisible, regarder la lèpre en face », c’est le mot d’ordre des journées mondiales de lutte contre la lèpres, les 27, 28 et 29 janvier.

En 1991, l’Assemblée mondiale de la Santé — le regroupement annuel des membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) — avait fixé pour objectif l’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique mondial avant l’an 2000. Un objectif défini par les experts comme correspondant à une prévalence inférieure à 1 sur 10 000, et atteint juste à temps.

200 000 cas par an

D’après les chiffres de l’OMS pour 2015, la prévalence serait, au niveau mondial, de 0,29 cas sur 10 000. L’Asie du Sud-Est, plus particulièrement touchée, compte encore 0,61 cas pour 10 000. Le programme d’élimination a obtenu de très bons résultats, grâce à la délivrance de traitements antibiotiques  efficaces.
L’introduction de la polychimiothérapie (PCT) il y a une trentaine d’années, a sensiblement fait diminuer la mortalité et le nombre de personnes handicapées par la maladie. Les léproseries, où l’on isolait les patients atteints — autant pour les soigner que pour les cacher —, ont pour beaucoup disparu.

Mais la lutte n’est pas terminée pour l’OMS, qui déplore encore plus de 200 000 cas par an, dont presque 20 000 enfants. L’Inde (avec plus de 100 000 cas par an) et le Brésil (30 000 cas par an) sont sous surveillance accrue. La stratégie de lutte contre la lèpre établie pour les quatre années à venir se concentre sur la détection précoce, notamment chez les enfants : elle espère qu’aucun cas d’incapacité pédiatrique ne soit enregistré d’ici 2020, et  limiter à moins d’un cas de difformité visible sur 1 million. La lèpre est en effet encore très discriminante dans certains pays, estampillée comme « maladie du pauvre ». Elle est en effet favorisée par la malnutrition et la promiscuité.

Mayotte particulièrement touchée

Mais la France n’est pas épargnée. Les DROM-COM sont régulièrement touchés. En 2015, 64 nouveaux cas ont été recensés. En Guyane, par exemple, le nombre de cas est en augmentation. Il était de 8,4 par an entre 1996 et 2006, et de 16 cas par an entre 2007 et 2011. Quatre cas ont été détectés à la Réunion en 2015, 3 en Polynésie française, mais surtout 56 à Mayotte. Au total, 250 personnes touchées par la lèpre vivent en France, tous originaires des DROM-COM ou de l’étranger.

La lèpre est due à une infection par la bactérie Mycobacterium leprae. Elle se manifeste sous deux formes. Une forme dite « tuberculoïde », la plus fréquente, associe des taches dépigmentées sur la peau qui peuvent s’accompagner d’ulcères et de mutilations, des troubles nerveux touchant les membres, avec des atteintes à la sensibilité cutanée. L’autre, dite « lépromateuse », est plus visible. Les atteintes cutanées sont prédominantes, et s’accompagnent de symptômes ORL ou ophtalmologiques. Cette forme est contagieuse.

Un traitement efficace 

La transmission est encore discutée pour cette maladie peu contagieuse, dont la période d’incubation peut prendre 5 ans, et pour laquelle les symptômes peuvent n’apparaître que 20 ans après la contamination. Certains vecteurs animaux (moustiques, punaises) pourraient avoir un rôle à jouer, mais c’est surtout par un contact prolongé avec une personne infectée, comme quelqu’un de la famille, que la contagion se fait. Les postillons ou gouttelettes nasales sont incriminés, mais aussi les objets souillés, comme le linge de lit. Les mucosité des malades de la lèpre sont en effet contaminées par la bactérie, qui peut survivre et pénétrer via des ulcérations ou des plaies cutanées.

La polychimiothérapie est très efficace pour le traitement de la lèpre, qui prend 6 à 12 mois. Il mène à peu de rechutes, et comporte peu d’effets secondaires.