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Selon Emmanuel Macron

Polémique : le Nord est-il plus confronté à l'alcoolisme ?

Par Anne-Laure Lebrun

Dans le bassin minier d'Hénin-Beaumont, Emmanuel Macron a affirmé que la région était plus confrontée que les autres au tabagisme et aux problèmes d'alcool. 

PDN/SIPA

Emmanuel Macron est au coeur d'une polémique. Vendredi soir, le candidat à la présidentielle 2017 en déplacement dans le Pas-de-Calais, a déclenché une vague de protestations en affirmant que « dans ce bassin minier, il y a beaucoup de tabagisme et d'alcoolisme, l'espérance de vie s'est réduite, elle est de plusieurs années inférieure à la moyenne nationale ».

La réaction des élus Front national, notamment du maire d’Hénin-Beaumont, ne s’est pas fait attendre. « Emmanuel Macron a une fois encore prouvé son mépris de classe, de manière particulièrement odieuse », a déclaré Steeve Briois, vice-président du parti, tout en réclamant des excuses. Le parti communiste a également dénoncé « ce mépris ».

Au delà des guéguerres politiques et des clichés sur les habitants du Nord de la France, qu’en est-il de la réalité ? Les études menées sur le sujet montrent effectivement que cette région française souffre davantage que les autres de l’alcoolisme et le tabagisme.


Une surmortalité de 40 %

En 2011, l’Agence régionale de santé du Nord-Pas-de-Calais écrivait que « le Nord – Pas-de Calais est, de loin, la région la plus touchée par les problématiques liées aux addictions. Les conduites addictives, concernant principalement l’alcool et le tabac, associées à des pratiques et à des déterminants socioéconomiques et culturels non favorables, induisent une surmortalité et une vulnérabilité accrues de la population régionale ».

En s’appuyant sur des données collectée par l’Inserm entre 2008 et 2010, l’ARS indiquait également que la surmortalité régionale liée aux comportements à risque, dont la consommation d’alcool, est de 40 % supérieure à la mortalité française. Ainsi, dans le Nord-Pas-de-Calais, plus de 24 personnes sur 100 000 décèdent d’une cirrhose hépatique contre 11 pour 100 000 en France entière. Les décès liés aux cancers pulmonaires sont également plus nombreux (près de 56 pour 100 000 contre 47 pour 100 000).

Un plus lourd tribut confirmé par une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en 2015. Celle-ci a notamment montré que les intoxications aigües à l’alcool sont deux fois plus importantes que la moyenne nationale. Idem pour les hospitalisations pour dépendance alcoolique.

 

Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, juillet 2015. 

 

Une espérance de vie écourtée

Des comportements à risque qui réduisent l’espérance de vie des hommes et des femmes du Nord-Pas-de-Calais. Les derniers chiffres de l’Insee mettent, en effet, en évidence que les Nordistes meurent plus tôt que le reste de la population. Leur espérance de vie à la naissance atteint 76,9 ans pour les hommes et 83,6 ans pour les femmes alors que la moyenne nationale est de 79,2 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes.

Point positif : la consommation de tabac et d’alcool chez les moins de 17 ans est moins élevée dans le Nord que la moyenne nationale, selon une étude réalisée par l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies). Ainsi, 31 % des jeunes de cette région fument régulièrement contre 39 % en Bourgogne, et 10 % boivent souvent de l’alcool contre 22 % dans les Pays de la Loire.