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Rapport de l’ANSM

Antibiotiques : la consommation en hausse depuis six ans

Par Audrey Vaugrente

Les prescirptions d’antibiotiques ont progressé de 5 % sur 5 ans. Les produits de dernier recours sont trop utilisés, selon l’ANSM.

fedemarsicano/epictura

Les antibiotiques, c’est pas automatique. En théorie du moins. Car la consommation repart à la hausse, en ville comme à l’hôpital. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dresse cet inquiétant constat dans son dernier rapport sur ces produits. La France figure sans conteste parmi les mauvais élèves de l’Europe. Elle se situe à la 4e position des plus gros consommateurs, derrière la Grèce, la Roumanie et Chypre.

L’ANSM s’inquiète de l’évolution des prescriptions d'antibiotiques, à raison. Malgré les différents plans de réduction de la consommation, celle-ci est repartie à la hausse depuis 2010. Une bien mauvaise nouvelle car un recul s’était amorcé entre 2000 et 2004. Celui-ci n’aura guère duré : dès 2005, la tendance ralentit avant de s’inverser. Le nombre de boîtes vendues progresse ainsi de 5,4 % depuis 2010. Sur la période 2000-2015, toutefois, il recule d’un peu plus de 11 %.


Source : ANSM

 

Des prescriptions trop longues

« Ce niveau élevé est très préoccupant car une utilisation non maîtrisée des antibiotiques est responsable du développement des résistances bactériennes », rappelle l’ANSM. Sur le marché du médicament, les antibiotiques représentent 4 % des ventes en 2015. Une part modeste qui s’explique par l’arrêt de la vente de 34 substances depuis le début du nouveau millénaire. Elles n’ont été qu’en partie remplacées : sur la même période, seules 12 ont reçu une autorisation de mise sur le marché.

La durée des prescriptions pose aussi problème : 76,5 % durent 5 à 8 jours. En moyenne, les cures s’étendent sur un peu plus de 9 jours. L’ANSM plaide en faveur d’une durée plus adaptée aux besoins des patients. Une autre mesure en faveur de la lutte contre les résistances.

La médecine de ville représente la quasi totalité des prescriptions d’antibiotiques (93 %). Dans deux tiers des cas, elles sont destinées à traiter des infections des voies respiratoires – de la sphère ORL ou des voies basses.


Source : ANSM

 

Des antibiotiques critiques

Mais en ville comme à l’hôpital, la nature des antibiotiques utilisés alarme l’ANSM. Les médecins libéraux recourent trop souvent à l’association amoxicilline-acide clavulanique – qui participe au développement des résistances. L’Agence salue tout de même le recul des prescriptions de quinolones « ce qui constitue un point positif ». Dans les services hospitaliers, ça n’est pas mieux. L’utilisation des carbapénèmes augmente même si la colistine injectable recule. Des différences régionales apparaissent cependant.


Source : ANSM


Ces antibiotiques dits « critiques » doivent être prescrits avec plus de clairvoyance, exhorte l’ANSM. De fait, la variété des solutions de dernier recours s’amenuise : les molécules n’évoluent pas mais la résistance, elle, progresse sans arrête. Ainsi, une bactérie E. coli peut maintenant, selon les souches, résister à la colistine, un médicament utilisé en dernière intention.

Cette progression est d’autant plus inquiétante que les antibiotiques critiques, listés par l’ANSM en 2015, représentent 37 % de la consommation totale. L’Agence rappelle donc les règles : une prescription à meilleur escient, à une durée adaptée, afin de rationaliser l’usage à la fois sur le plan de la quantité et de la qualité.