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Fessée, claques, cris…

Enfants : la loi Égalité et Citoyenneté abolit les châtiments corporels

Par la rédaction

Les députés ont adopté la loi Egalité et Citoyenneté, qui bannit tous les traitements « cruels, dégradants ou humiliants » des parents sur leurs enfants.

luislouro/epictura

La fessée, c’est fini. Terminé, les claques, les cris, les envois « au coin » et les « privé de dessert ! ». Depuis ce jeudi, et l’adoption définitive de la loi Égalité et Citoyenneté, les parents n’ont plus le droit d’exercer leur éducation sur leurs enfants à travers des actes « cruels, dégradants ou humiliants ». Et la liste est longue.

Gifler, injurier, bousculer...

Elle inclut bien sûr les châtiments corporels, quels qu’ils soient. « La notion de violence corporelle inclut toute punition physique impliquant l’usage de la force et visant à infliger un certain degré de douleur ou de désagrément, aussi léger soit-il, dans le but de modifier ou d’arrêter un comportement estimé incorrect ou indésirable », précise sur son site l’OVEO (Observatoire de la Violence Educative Ordinaire), qui a longuement milité pour faire passer le texte.

L’association fournit quelques exemples de Violence Educative Ordinaire (VEO) : les violences verbales et psychologiques (crier, injurier, se moquer, humilier, mentir, menacer, culpabiliser, rejeter, chantage affectif…) et les violences physiques (gifler, fesser, pincer, tirer les oreilles ou les cheveux, donner des coups de pied, secouer, saisir brutalement, bousculer, pousser, contraindre l’enfant dans une position inconfortable, le priver de nourriture…).

"Conséquences néfastes"

Contrairement à ce que les parents peuvent parfois penser, ces châtiments n’ont pas de vertus pédagogiques. « Depuis 15 ans, les recherches scientifiques ont prouvé que chaque violence subie par un enfant a des conséquences néfastes sur son développement et sa santé physique et psychologique (faible estime de soi, addictions, troubles alimentaires, dépression, comportements violents…), rappelle l’association. Ces violences, intériorisées, auront plus tard des répercussions sur la société tout entière ».

En Suède, rappellent les auteurs du communiqué, ces violences éducatives sont bannies depuis 1979. Deux générations après, « 87 % des Suédois n’ont jamais été frappés, et la quasi-totalité des parents n’envisagent même plus les châtiments corporels comme une méthode d’éducation possible ». Dans le pays, le taux maltraitance a diminué depuis cette loi, « jusqu’à devenir quasi-nul ».

Une cinquantaine de pays, dont 21 de l’Union Européenne, ont interdit les châtiments corporels et les violences éducatives. Selon les auteurs, ces mesures ont des impacts directs sur la délinquance, les suicides, la consommation d’alcool et de drogue, les violences faites aux femmes. Ces effets sont renseignés dans la littérature.

"Racines de la violence"

« Les enfants disposent désormais du même droit au respect de leur intégrité physique et psychologique que les adultes », se réjouit l’association. La mesure est toutefois symbolique et ne prévoit pas de sanction. Il s’agit surtout de « favoriser une prise de conscience et changer l’attitude des adultes envers les enfants ».

« Cette loi pourra enfin nous permettre de nous attaquer aux racines de la violence, car c’est bien dans l’enfance que les coups et les humiliations nous enseignent qu’il est légitime de s’en prendre à plus faible que soi et d’utiliser la violence pour résoudre les conflits », se félicite l'association, qui appelle à des campagnes de sensibilisation pour que ce message pas toujours évident soit mieux compris au sein de ln.

En mars dernier, la France a été pointée du doigt par le Conseil de l’Europe pour son absence d’interdiction suffisamment claire des châtiments corporels et des violences éducatives ordinaires.