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Rapport de l’OCDE

Espérance de vie : de grandes disparités en Europe

Par Audrey Vaugrente

La durée de vie progresse en Europe, mais encore trop de décès sont liés à des facteurs évitables. La prévention doit prendre une place plus grande dans les budgets.

photographee.eu/epictura

L’espérance de vie s’allonge en Europe. Désormais, un résident de l’UE vit en moyenne 80,9 ans. Mais ce bon résultat masque de lourdes disparités entre les populations. Dans un rapport commun, la Commission européenne de l’OCDE rappellent que toutes les populations ne bénéficient pas du même accès aux soins. Pour preuve, un demi-million de personnes en âge de travailler sont mortes d’une maladie chronique. Infarctus, AVC, diabète… autant de pathologies qui peuvent être prévenues.

Au total, c’est plus d’un million de décès qui pourraient être évités en Europe. En cause, des facteurs mal pris en charge. Ainsi, un habitant sur cinq consomme de fortes doses d’alcool sur une base hebdomadaire. La surcharge pondérale est un autre facteur qui favorise l’émergence de pathologies métaboliques ou cardiovasculaires.

Les hommes défavorisés

Face à ces risques, certains pays sont nettement défavorisés. La France, par exemple, est moins touchée par l’obésité. En revanche, ses résidents fument davantage que le reste de l’Europe. Mais les inégalités s’observent aussi à l’intérieur des frontières nationales.
Les personnes au faible niveau d’éducation ou aux petits revenus sont désavantagées : elles s’exposent à un risque décuplé de renoncement aux soins. Par rapport aux budgets les mieux pourvus, l’espérance de vie des foyers pauvres est réduite de 7 ans. La crise financière mondiale n’a pas arrangé la situation, la Grèce servant de triste exemple. A ce titre, la protection sociale française fournit un avantage certain. Elle assure, en effet, une bonne qualité des soins à un coût modéré pour les ménages.

Veiller à l’accessibilité des soins de premier recours sur les territoires, particulièrement ceux défavorisés, permettrait de réduire les hospitalisations évitables, confirme l’OCDE. Mais ça n’est pas le seul problème. Les hommes sont aussi à la traîne, en matière d'espérance de vie. Les facteurs de risque restent prépondérants dans la population masculine. Les faibles efforts de prévention n’aident pas à réduire cet écart avec les femmes. La France est clairement en queue de classement : 5 ans séparent la durée de vie entre les sexes. Un fossé qui ne se comble pas.

Plus de prévention

Seul 3 % du budget de santé national est consacré aux campagnes de prévention et de santé publique au sein de l’Union européenne. L’Hexagone est en dessous de la moyenne dans ce domaine. L’ordonnance de l’OCDE est simple : il est nécessaire d’investir davantage dans ce secteur. « Dans l’UE, un grand nombre de personnes meurent chaque année de maladies évitables liées à des facteurs de risques tels que le tabagisme et l’obésité », rappelle le commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis. Au cœur de la cible : les adolescents, dont les comportements actuels définiront l’évolution à venir.

L’équilibre risque d’être difficile à trouver entre prévention et prise en charge. A l’heure actuelle, la France consacre 11 % de son PIB aux dépenses de santé. Elle se situe en tête de classement, aux côtés de l’Allemagne et la Suède. Cette part devrait augmenter en raison du vieillissement de la population, mais aussi de l’émergence des technologies de diagnostic et de traitement.