ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Hôpital : des primes pour attirer les jeunes médecins

Plan attractivité

Hôpital : des primes pour attirer les jeunes médecins

Par Anne-Laure Lebrun

ENTRETIEN. Pour inciter les jeunes diplômés à faire le choix de l'hôpital public, la ministre de la Santé promet des primes allant de 10 000 à 30 000 euros d'ici la fin de l'année. 

WITT/SIPA

Pour inciter les médecins à exercer à l’hôpital, la ministre de la Santé promet de nombreuses primes. D’ici la fin de l’année, les jeunes médecins qui ont fait le choix d’une carrière hospitalière pourront recevoir une prime d’engagement allant de 10 000 à 30 euros selon la spécialité ou les territoires, a détaillé ce mardi matin Marisol Touraine. En contrepartie, ils s'engagent à passer le concours de praticien hospitalier, et à rester au moins 3 ans à ce poste une fois titularisé.
En outre, ces jeunes diplômés, qui s’engagent à passer le concours, bénéficieront de la même couverture que les praticiens hospitaliers (maintien de 100 % de la rémunération pendant les congés maternités). Ces derniers n’ont d’ailleurs pas été oubliés par ces mesures s’inscrivant dans le plan « attractivité » de 250 millions d’ici 2019. Les médecins exerçant uniquement à l’hôpital depuis au moins 15 ans verront leur « indemnité d’engagement de service public exclusif » valorisé. Ils recevront 700 euros brut par mois au lieu de 450 auparavant.

Pour le Dr Yves Rebufat, président du syndicat des anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR), interrogé par Pourquoidocteur, ces mesures vont dans le bon sens. Mais l’aménagement du temps de travail reste la grande oubliée. Le décompte du temps de travail était pourtant au centre de la grève du 26 septembre.


Que pensez-vous des mesures annoncées en réponse à la grève ?
Yves Rebufat :
Les mesures annoncées aujourd’hui vont dans le bons sens, notamment celles à destination des jeunes praticiens. Le niveau de rémunération et des primes sont des mesures intéressantes pour les attirer et les inciter à rester à l’hôpital public.
Du côté des intérimaires, Marisol Touraine a également fait des annonces intéressantes puisqu’elle s’engage à plafonner les rémunérations des prestations de l’intérim médicale, comme la loi le prévoit, mais aucun montant n’a été précisé.

Néanmoins mon sentiment est mitigé. La grève de la semaine dernière portait sur 3 points, dont principalement la reconnaissance du temps de travail. Aujourd’hui, on nous propose seulement un protocole de méthode pour en parler, donc c’est un peu léger par rapport à ce qu’on pouvait attendre.

Ces mesures sont-elles en mesure de redonner de l’attractivité aux carrières médicales ?
Yves Rebufat : Je pense que dans certaines spécialités, elles y arriveront. Mais mon inquiétude par rapport à ma discipline, l’anesthésie-réanimation, est que les montants sont très en deçà des salaires qu’espèrent gagner de jeunes praticiens en libéral.

Et puis le problème n’est pas seulement lié à la rémunération. Si cela ne s’accompagne pas de mesures qui vont dans le sens d’un aménagement du temps de travail, cela ne suffira pas. Il faut donc que l’ensemble du plan soit mis en place pour que l’on puisse espérer que cela fonctionne.

Mais pour le moment la réforme du temps de travail est en suspend ?
Yves Rebufat : Effectivement, pour le moment il n’y a pas eu d’accord. Mais le ministère a bien conscience que la directive européenne qui limite le temps de travail hebdomadaire à 48 heures doit s’appliquer à tous, et notamment à tous les praticiens hospitaliers. Il existe peu de professions dans notre pays qui dépassent ce seuil, et qui travaillent la nuit, les jours de week-end et 24 heures sur 24. Donc, nous avons certaines spécificités dans notre exercice qui font que nous en sommes en droit de réclamer ce droit. Le Conseil d’Etat l’a reconnu ainsi que la Commission européenne. Donc j’espère que cela découchera rapidement sur quelque chose, car ces nouvelles mesures ne suffiront pas à freiner nos troupes si les discussions durent trop longtemps.