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Etiquetage alimentaire

Boissons sucrées : les messages sanitaires découragent les jeunes

Par Audrey Vaugrente

Alerter les adolescents sur les risques liés aux boissons sucrées les pousse à faire de meilleurs choix nutritionnels. Ils ont tendance à renoncer à en consommer.

dasha11/epictura

« Fumer tue ». Tous les paquets de cigarettes affichent désormais cet avertissement sanitaire. Et si c’était le tour des sodas et autres boissons sucrées ? Certains Etats américains, dont la Californie, ont sauté le pas. Les liquides contenant des sucres ajoutés doivent s’accompagner d’un étiquetage spécifique. Mais quelle est l’efficacité de ces mesures ? C’est à cette interrogation qu’une équipe de l'université de Pennsylvanie (Etats-Unis) a tenté de répondre. Dans l’American Journal of Preventive Medicine, elle suggère qu’un tel étiquetage pourrait être particulièrement marquant auprès des adolescents.

Trop de sucres

De fait, ce sont 2 000 adolescents américains, âgés de 12 à 18 ans, qui se sont prêtés au jeu lors d’un sondage en ligne. Ils ont été confrontés à différents types d’étiquetage. Certains n’affichaient aucun avertissement sur les risques liés à l’excès de boissons sucrées. D’autres bouteilles les annonçaient clairement. « Boire des boissons contenant des sucres ajoutés contribue à l’obésité, au diabète et aux caries », précise ainsi le dispositif californien. Au total, cinq types de messages ont été expérimentés, allant du plus précis au plus vague.

Aux Etats-Unis, plus de 7 adolescents sur 10 consomment chaque jour une boisson sucrée (jus de fruits, soda, boisson énergisante…). Leur apport en sucre est ainsi deux fois plus élevé que les recommandations officielles. « Le taux de consommation de sucre aux Etats-Unis est effrayant, et il contribue significativement à l’obésité, au diabète de type 2 et à d’autres pathologies dangereuses ou lourdes de conséquences sur la santé », rappelle Christina Roberto, co-auteur de cette étude.

Des choix plus réfléchis

Modifier les emballages de ces produits pourrait bien réduire le nombre d’adolescents qui cèdent aux sirènes du sucre. Sans aucun étiquetage, 77 % des sondés reconnaissent choisir leur boisson au hasard. Les avertissements sanitaires, en revanche, augmentent les chances de faire un choix plus réfléchi. La probabilité de renoncer à une boisson sucrée augmente de 8 à 16 % selon le texte affiché.

Interrogés sur les mécanismes à l’œuvre, les adolescents ont reconnu avoir pris conscience des effets néfastes de ce type de rafraîchissements. Ils se disent plus aptes à comprendre qu’ils n’ont pas d’impact positif sur l’hygiène de vie. « L’influence des étiquetages sanitaires sur les intentions d’achat des adolescents de cette étude souligne le besoin d’information nutritionnelle pour aider les personnes à faire des choix plus sains », analyse Eric VanEpps, co-auteur des travaux.

Un besoin que les jeunes eux-mêmes plébiscitent : 62 % d’entre eux se prononcent en faveur d’une application de ces mesures en supermarché. Avant cela, des expérimentations seront nécessaires, estiment les auteurs. Une étude précédemment réalisée penche tout de même en leur faveur : les parents font eux aussi de meilleurs choix pour leurs enfants si un étiquetage les alerte sur les conséquences.