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Etude sur la souris

Zika : le virus peut se loger dans l’œil

Par Audrey Vaugrente

Le virus Zika est capable d’infecter l’œil. Chez la souris, son matériel génétique persiste près d’un mois. Cela expliquerait les symptômes oculaires observés chez certains patients.

LMAP/Flickr

Cette étude ne permettra pas de savoir si les souris pleurent. Elle évoque cependant une nouvelle piste de contamination par le virus Zika. Réalisés par l’école de médecine à l’université de Washington (Etats-Unis), et publiés dans Cell Reports, les travaux font état de la présence du virus dans les larmes des rongeurs. Il est infectieux, donc potentiellement capable d'être transmis.

Un système immunitaire spécifique

Les auteurs de ces recherches ont infecté des souris avec Zika par voie sous-cutanée, mimant l’effet d’une piqûre de moustique. Dans les glandes lacrymales et les larmes des rongeurs, du virus actif a été détecté jusqu’à 7 jours après l’infection. Le matériel génétique viral persiste encore plus longtemps. Mais 28 jours après l’inoculation, il n’est plus capable de nuire. Pour Jonathan Miner, premier signataire de l’étude, « l’existence d’une fenêtre durant laquelle les larmes sont hautement infectieuses est possible ».

Cette longue persistance du virus est peut-être liée au milieu spécifique de l’œil. Il bénéficie en effet d’une immunité particulière : une barrière sépare la circulation sanguine de la rétine. Le système immunitaire est moins actif au sein de l’organe, afin de ne pas endommager accidentellement les tissus oculaires. Les virus peuvent donc persister alors qu’ils ont été évacués du reste de l’organisme. Ce phénomène est déjà survenu dans le cas de la fièvre hémorragique Ebola.

Des symptômes oculaires

La présence de Zika dans l’œil expliquerait donc les symptômes particuliers que présentent certains patients : les conjonctivites ne sont pas rares. Des cas exceptionnels d’uvéite ont été recensés. Cette maladie expose à un risque de perte de vision partielle ou totale. Les bébés exposés in utero au virus souffrent également, dans un tiers des cas, d’inflammation du nerf optique, de dommages rétiniens ou de cécité.

Deux interrogations demeurent : est-ce que le virus contenu dans l’œil peut être transmis, et combien de temps persiste-t-il chez l’homme ? D’autres travaux sont prévus, afin d’y répondre. Les chercheurs comptent aussi déterminer la voie empruntée par le virus pour infecter l’organe visuel : la barrière sang/rétine, le nerf optique ou une autre route. Ils précisent que, même si le virus n’est pas infectieux, cette découverte possède un intérêt majeur : des tests de détection moins invasifs que les prélèvements sanguins seraient possibles.

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