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Chez un homme de 76 ans

Etats-Unis : découverte d'une nouvelle bactérie multirésistante

Par Anne-Laure Lebrun

Des médecins américains ont découvert une nouvelle souche d'Escherichia coli résistante à l'antibiotique de dernier recours chez un homme souffrant d'une infection urinaire. 

NIH Image Gallery/Flickr

Les super-bactéries résistantes à l’antibiotique de dernier recours se multiplient aux Etats-Unis. Une nouvelle souche bactérienne d’Escherichia coli résistante à la colistine a été découverte. Elle serait également résistante à une autre classe d’antibiotiques appelée les carbapénèmes. C’est la première fois qu’une E.coli résistante à ces deux médicaments est identifiée, selon les travaux publiés ce mardi dans la revue mBio.

Cette bactérie aurait été découverte en août 2014 chez un homme de 76 ans hospitalisé à l’hôpital universitaire du New Jersey (Etats-Unis) pour une grave infection urinaire accompagnée d’une forte fièvre.
L’homme originaire d’Inde était arrivé sur le continent américain l’année précédente. Après avoir souffert d’un cancer de la prostate, le sexagénaire a souffert à plusieurs reprises d’infections des voies urinaires. Il venait justement de subir un examen de la vessie pour en comprendre les causes, expliquent les chercheurs.

Pour adapter la prescription d’antibiotiques, les médecins ont réalisé plusieurs prélèvements d’urine. L’analyse des tubes d’échantillon a révélé la présence de 6 souches bactériennes différentes dont E.Coli, la bactérie majoritairement responsable des infections urinaires. Après 6 jours de traitement, l’homme a pu retourner chez lui complètement guéri.

 

Une résistance qui pourrait se propager

En parallèle, les infectiologues ont isolé la bactérie E.coli afin de l’analyser. Ils ont découvert que la souche portait deux gènes de résistance : le gène mcr-1 conférant une résistance à la colistine et blaNDM-5 conférant une résistance aux carbapénèmes.
Des gènes présents sur deux fragments d’ADN distincts capables d’être transmis à d’autres bactéries. « La bonne nouvelle est qu’elle n’a pas provoqué une flambée d’infections à bactérie multi-résistante », commente le Pr Barry Kreiswirth de l’université Rutgers. Mais la mauvaise nouvelle est qu’en deux ans ces gènes ont pu se propager à d’autres bactéries ».

Plus inquiétant, l’équipe du Pr Barry Kreiswirth a découvert que cette souche est similaire à celle retrouvée dans des foyers d’infection urinaire en Chine. En effet, c’est dans ce pays d’Asie que le gène mcr-1 est apparu pour la première fois, avant d’apparaître en Europe, Afrique et Amérique.
« Une surveillance active des organismes résistants à la colistine et aux carbapénèmes est impératif pour déterminer la prévalence du gènes mrc-1 et prévenir sa dissémination », ajoute José Mediavilla, le responsable des travaux.


10 millions de morts en 2050

Ce cri d’alerte n’est pas le premier. Au cours des 3 derniers mois, plusieurs bactéries multi-résistantes sont apparues. L’occasion pour les experts de rappeler que l’antibiorésistance est une menace pour la médecine moderne : les soins les plus pratiqués comme la césarienne pourraient ne plus être réalisés car jugés trop dangereux. Un rapport britannique a même estimé qu’en 2050, 10 millions de décès dans le monde pourraient être attribués à l’inefficacité des antibiotiques.

Pour continuer à bénéficier des ces médicaments, les spécialistes sont unanimes : il faut mettre fin à l’usage massif des antibiotiques, notamment lorsqu’ils sont inutiles. Le développement de nouvelles molécules est aussi un volet indispensable, mais pour le moment, aucune n’est assez efficace contre ces super-bactéries multirésistantes.