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Marisol Touraine n'accorde pas le don du sang aux homosexuels

Par La rédaction

Marisol Touraine a confirmé l'interdiction du don de sang par les homosexuels. C'est une stigmatisation d'une communauté alors que ce sont les comportements qui sont en jeu, objectent les détracteurs. 

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"Je ne peux lever l'interdiction qui existe que si on me donne une garantie absolue que cela n'apportera pas davantage de risques pour ceux qui seront transfusés. Aujourd'hui, je ne peux pas lever cette interdiction". C'est la réponse donnée par la ministre de la Santé, interrogée par RMC et BFM TV sur l'éventualité d'une levée de l'interdiction de don de sang pour les homosexuels. En juin dernier, Marisol Touraine déclarait que le don de sang par les hommes homosexuels ne serait prochainement plus interdit en France. La situation française restera donc inchangée. Depuis les années 80, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont exclus de façon permanente du don du sang. 

Pourquoi cette exclusion ? Du côté de l’Etablissement français du sang qui organise la collecte, on avance des arguments chiffrés. Pendant les 12 jours qui suivent une infection par le VIH, aucun test ne permet de le détecter, c’est ce qu’on appelle la fenêtre silencieuse. Il faut donc tenter d’écarter du don du sang les personnes qui pourraient avoir été contaminées à leur insu et se trouver dans cette fenêtre silencieuse. Or, ce risque est 200 fois plus élevé parmi les homosexuels masculins que parmi les hétérosexuels. Bruno Spire, le président de l'association, Aides, se veut pragmatique et ne demande pas la fin de l'exclusion. "Le risque résiduel de transmettre le VIH chez une personne ayant un test négatif, indiquait-il en janvier dernier, reste plus élevé dans la population homosexuelle masculine". Pour lui, le "don de sang n'est pas fait pour démontrer l'égalité des droits".

Pourtant, persister dans l’exclusion permanente des donneurs homosexuels pourrait se révéler contre-productif pour la sécurité du don. En effet, selon l’Institut de veille sanitaire, la moitié des 31 donneurs trouvés positifs au VIH entre 2006 et 2008 ont été contaminés par des rapports sexuels entre hommes. Difficile d’estimer dans quelle proportion mais la mesure actuelle d’exclusion permanente est visiblement détournée. La volonté de lutter contre une mesure jugée discriminante pour les homosexuels est l’une des motivations avancées par ces donneurs homos.


Pr Gilles Pialoux, service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Tenon, Paris : « Ça serait contre-productif de l’effet qu’on escompte … ça doit changer » (entretien janvier 2012)

 

 

Pour les partisans du don du sang ouvert aux homosexuels, comme l'assocation Pourquoi s'en priver, on stigmatise ainsi l'ensemble des homosexuels comme une population à risque au lieu de tenir compte des comporteements de chacun.

La décison de Marisol Tournaine fait du bruit  dans la majorité présidentielle. Dans un communiqué, le député écologiste Serge Coronado et Pierre Serne, membrte d'Europe Ecologie les Verts, réaggissent. "Alors même que le gouvernement avance vers l'égalité des droits avec l'ouverture du mariage pour tous les couples, c'est une véritable discrimination d'Etat que vient d'entériner la ministre de la Santé. Ils rajoutent "Triste jour pour les hommes homosexuels, mais bien pire encore pour les malades..."