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Epigénétique

Obésité : le poids du père influence celui des filles

Par Antoine Costa

La santé des enfants dépend de celle de leurs pères : l’épigénétique transmet le risque d’obésité à leurs filles. Elles sont aussi plus susceptibles de développer un cancer du sein.

asife/epictura

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». La maxime pourrait s’avérer plus compliquée que prévue à respecter pour les filles dont les pères sont obèses. D’après une étude réalisée à l’université de Georgetown (Etats-Unis) et publiée dans Scientific Reports, le poids des filles dont les pères étaient obèses au moment de la conception serait plus important à la naissance et plus tard. Elles seraient aussi plus à risque de développer un cancer du sein.

Des résultats similaires avaient déjà été observés pour les mères enceintes, qui avaient jusqu’alors focalisé l’essentiel de la recherche dans le domaine. Ici, les chercheurs ont accouplé des souris femelles au poids normal et des mâles obèses, et ont observé leur progéniture afin de déterminer quelle pouvait être l’influence des pères.

L’épigénétique en action

Ils ont en particulier détecté des modifications dans le micro-ARN – protéines capables d’activer ou d’éteindre l’expression d’un gène –, à la fois dans le sperme des pères et dans le tissu mammaire des filles. Ces changements, causés selon les chercheurs par l’obésité des pères, seraient l’un des vecteurs de « l’hérédité » de l’obésité.

Ces micro-ARN régulent en effet les mécanismes liés à la gestion de l’insuline, associée à la prise de poids et à de nombreux processus moléculaires favorisant l’apparition de cancers.

« Notre étude a été menée sur des souris, mais elle assoit les découvertes récentes qui montrent que chez l’être humain, le sperme des hommes obèses présente des altérations épigénétiques significatives, explique le Dr Sonia de Assis, chercheur en oncologie à Georgetown, et responsable de l’étude. Notre étude sur l’animal suggère que ces altérations pourraient avoir des conséquences sur les risques de cancer de la génération suivante. »

La psychologie aussi

Mais l’influence des pères ne s’arrête pas là. Ils ont aussi un rôle psychologique à jouer, comme le rappelle une autre étude de l’université de Guelph (Canada), publiée dans International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity. De manière assez surprenante, les chercheurs ont observé que pour prédire l’apparition d’un surpoids ou de l’obésité chez les jeunes hommes, la qualité de la relation père-fils était plus importante que la relation avec la mère.

La santé des mères au moment de la grossesse et leur capacité à instaurer des routines alimentaires et une hygiène de vie saine ne sont donc pas des facteurs uniques liés à l’augmentation du risque d’obésité. Pour les jeunes hommes comme pour les femmes, l’influence psychologique et épigénétique des pères n’est plus négligeable.