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Entretien avec le Dr Aude de Poix

Désert médical : les généralistes de Belle-Ile-en-Mer s'organisent

Par Anne-Laure Lebrun avec Bruno Martrette

A Belle-Ile-en-Mer, le Dr Aude de Poix, généraliste, a décidé de travailler au sein de l'hôpital. En se partageant entre une activité libérale et salariée. 

Sylvain Naudin/Flickr

La médecine générale est en crise. Dans sa nouvelle édition 2016 de l’Atlas de la démographie médicale, le Conseil National de l'Ordre des Médecins pointe une baisse « préoccupante » du nombre de médecins généralistes, en raison de nombreux départs en retraite non remplacés. Depuis 2007, le nombre de généralistes a diminué de 8,4 %. D’ici 2025, un praticien sur 4 pourrait disparaître.

Pour certains territoires, la désertification est déjà une réalité. Mais des solutions émergent comme à Belle-Ile-en-Mer (Morbihan). Il y a 3 ans, cette île ne comptait plus que 3 généralistes. Pour mette fin à un exercice isolé et éreintant, ils ont choisi de se regrouper au sein de l’hôpital local et organiser leur travail entre activité libérale et salariée. Aujourd’hui, l’île compte 9 généralistes, dont le Dr Aude de Poix, ravie de cette nouvelle organisation.

A quoi ressemblent vos semaines ?
Dr Aude de Poix : Nos semaines ne se ressemblent pas car nous sommes polyvalents. D’un côté, nous exerçons la médecine générale en cabinet libéral sauf que nos bureaux sont au sein du Centre hospitalier. Et de l’autre, nous sommes salariés lorsque nous assurons la prise en charge des urgences la journée et de la permanence de soins la nuit et les week-ends au sein de l’hôpital local. Etant donné que nous sommes plusieurs médecins, cela nous permet de ne pas être de garde trop souvent. Personnellement, j’ai une 3ème casquette car je coordonne le service d’hospitalisation à domicile qui a ouvert il y a 4 mois sur l’île.


Quels sont les avantages de cette organisation
 ?

Dr Aude de Poix : Du point de vue administratif, nous avons une charge allégée car notre patientèle est moins importante que celle d'un généraliste exerçant uniquement en libéral. Le fait d’être nombreux permet aussi de réduire la charge administrative. En outre, nous formons une bonne équipe de médecins dans laquelle tout le monde s’entend bien, ce qui facilite les remplacements. Cela nous permet aussi de poser des vacances quand nous le souhaitons car nous savons qu’il y aura toujours un médecin disponible pour nous remplacer, notamment des confrères qui viennent volontiers du continent à qui nous proposons des solutions de logements. Belle-Ile est vraiment devenue attractive pour les médecins.

Et qu’en pensent les futurs médecins ?
Dr Aude de Poix : Les internes qui viennent passer leur stage chez nous semblent très enthousiastes parr rapport à notre mode d’exercice. Je pense que le côté salarié puis libéral est rassurant pour les jeunes médecins. Par ailleurs, nous n’avons pas de spécialiste installé à l’année sur l’île donc nous nous adaptons. De mon côté, je fais énormément de gynécologie et de pédiatrie. Certains de mes collègues sont plus versés vers la pneumologie, d’autres se sont formés à l’échographie. Une multiplicité des tâches qui est vraiment passionnante pour un médecin.