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Discours de la directrice de l'OMS

Virus émergents: "le monde n’est pas prêt à y faire face "

Par Anne-Laure Lebrun

Selon Margaret Chan, le monde n'est pas prêt à faire face aux futures menaces d'épidémies, comme l'illustre Ebola ou Zika. 

Salvatore Di Nolfi/AP/SIPA
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La 69ème Assemblée mondiale de la Santé, qui se tient actuellement à Genève, sonne comme l’heure du bilan pour la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont le mandat se termine dans moins d’un an. Pour le Dr Margaret Chan, les épidémies d’Ebola, du coronavis MERS et de Zika signalent « un retour spectaculaire d’une menace sanitaire par l’émergence ou la résurgence de maladies infectieuses ». Et selon elle, «le monde n’est pas prêt à y faire face ».

Devant un parterre de ministres, d’ambassadeurs, d’ONG et d’entreprises, la directrice générale a tout de même célébré les récents progrès en santé publique qui ont permis de réduire la mortalité infantile – 19 000 enfants sont sauvés chaque jour - et maternelle. Elle a également salué le recul du VIH, de la tuberculose, du paludisme et de la polio. Des succès particulièrement visibles en Afrique où le nombre de morts dues au paludisme a diminué de 60 %, et plus de 15 millions de séropositifs ont aujourd’hui accès au traitement antirétroviral, contre 690 000 en 2000.


L'OMS pris par surprise

Mais les épidémies de Zika, d’Ebola ou de fièvre jaune assombrissent le tableau. « Dans un monde interconnecté caractérisé par une profonde mobilité des personnes et des biens, peu de menaces sanitaires se limitent au local », a rappelé Margaret Chan. Et d’ajouter : « L’épidémie d’Ebola qui a sévit dans 3 petits pays (Guinée, Libéria, Sierra Leone, ndlr) a paralysé de peur le monde entier et entraîné des restriction de voyages ».

Longtemps critiquée pour son inaction concernant Ebola, la directrice générale a reconnu que l’OMS avait été surprise par cette flambée. Une erreur qu’elle n’a pas voulu commettre avec Zika, bien que là encore le monde scientifique n’a pas su prévoir l’émergence de ce virus et sa capacité à engendrer de graves complications.
« La possibilité que la piqure d’un moustique au cours de la grossesse puisse être liée à des anomalies cérébrales sévères chez les nouveau-nés a alarmé le grand public et stupéfait les scientifiques, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’avec Zika, « nous avons à nouveau été pris par surprise, sans vaccin et outil de diagnostic fiable disponible. Pour protéger les femmes enceintes, nous ne pouvons offrir que des conseils : éviter les moustiques, retarder la grossesse et ne pas voyager dans les zones où circule le virus ».


Des failles dans la préparation mondiale

Le réveil de Zika au Brésil en mai dernier a à nouveau mis à jour « les failles de notre préparation collective ». Selon Margaret Chan, Zika a révélé « l’échec de notre capacité à fournir un accès universel au service de santé sexuelle et au planning familial », pointant que « par dessus tout, la propagation de Zika, la résurgence de la dengue, et la menace du chikungunya sont le résultat d’un échec retentissant de la lutte contre le moustique dans les années 1970 ».

Face à ces lacunes criantes, l’OMS souhaite renforcer la riposte et la préparation internationale contre ces menaces. Une volonté qui passe par la création d’un nouveau programme des urgences sanitaires doté d’un budget de 298 millions d’euros. « Concernant les maladies infectieuses, nous ne pouvons pas faire confiance au passé pour préparer le futur », a mis en garde le Dr Margaret Chan.