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Erreurs médicales : une minorité de praticiens concentre les plaintes

Par Stéphany Gardier

Les chiffres nous viennent des États-Unis, mais font écho dans l’Hexagone. Une étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The New England Journal of Medicine (NEJM) s’est intéressée à plus de 66 000 plaintes déposées entre 2005 et 2014, pour erreur médicale. Elle conclut que près d’un tiers de ces erreurs serait le fait d’un seul petit pourcent des médecins ! Pierre Bienvault a interviewé pour La Croix des assureurs spécialistes qui assurent les praticiens français, et si les proportions sont un peu différentes, les multirécidivistes sont aussi nombreux en France.

 

Pour Nicolas Gombault, directeur du Sou médical-MACSF, principal assureur des médecins libéraux, en France, 20 % des praticiens rassembleraient 80 % des plaintes. Des médecins à forte « sinistralité », que les assureurs tentent de repérer, afin de leur apporter une aide, dans un premier temps. Comme le souligne Nicolas Gombault, l’augmentation des erreurs commises par un médecin peut être concomitante avec des problèmes personnels ou professionnels.

 

L’étude du NEJM a permis d’esquisser quelques caractéristiques de ces médecins familiers des tribunaux. Il s’agit principalement d’hommes, plutôt jeunes, et qui exercent dans des disciplines connues pour être « à risque ». Le site anglophone Vocativ, qui relaie cette étude, souligne que se sont les internistes qui représentent la plus grande proportion des médecins poursuivis en justice. Suivent les gynécologues obstétriciens, puis les chirurgiens. Un classement sans grande surprise, pour Nicolas Gombault. « En moyenne, un généraliste aura peut-être un ou deux dossiers de contentieux dans sa carrière, explique-t-il. Tandis qu’un neurochirurgien peut en avoir une dizaine tout en étant un bon médecin. Dans certains cas, il n’y a pas de faute médicale, mais le patient n’est pas content et engage une requête ». Des démarches qui seraient de plus en plus nombreuses en France, comme le montrait un rapport en 2012.

Aux États-Unis, seule une petite partie de ces plaintes débouche sur un procès, la plupart étant réglées à l’amiable. Parmi celles qui aboutissent à une indemnisation des victimes, arrivent en tête celles qui concernent des atteintes physiques graves (38 %) ou le décès du patient (32 %). En moyenne, les indemnisations s’élèvent à 371 054 $. Des montants qui peuvent pousser les assureurs à rompre leur contrat avec un praticien qui accumulerait trop de plaintes. Mais comme le souligne La Croix, un médecin français ayant de multiples contentieux peut – au prix d’une forte prime d’assurance – continuer à exercer ; les assureurs n’ont en effet pas l’obligation de signaler ces praticiens.