ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Ebola : une molécule géante pourrait contrer le virus

Etude dans Nature Chemistry

Ebola : une molécule géante pourrait contrer le virus

Par Julian Prial

Une équipe de chimistes a développé une méthode ultra-rapide pour réaliser la synthèse de molécules ramifiées géantes. Peut-être une molécule géante contre le virus Ebola.

REX/REX/SIPA

Une molécule géante contre le virus Ebola ? C'est la question que pose ce mercredi le CNRS (1) dans un communiqué de presse. Une équipe internationale de chimistes (2) vient en effet de développer une méthode ultra-rapide pour réaliser la synthèse de molécules ramifiées géantes, dotées d’une activité antivirale. Ces « méga-molécules » ont inhibé très efficacement l’entrée du virus Ebola dans des cellules en culture. Des travaux inédits publiés le 9 novembre dans la revue Nature Chemistry.



Source : CNRS

Une activité antivirale supérieure de 33 %

La capacité de ces méga-molécules à inhiber l’entrée du virus Ebola a été testée in vitro. Ces composés sont solubles dans l’eau et ne présentent aucune toxicité pour les cellules en culture. Leur activité antivirale s’est révélée « remarquable », d'après les auteurs de l'étude. En chiffres, elle a été supérieure de 33 % à celle des antiviraux classiques.

Le CNRS explique que « cette efficacité est due au grand nombre de sucres périphériques de la molécule se liant fortement au récepteur "DC-SIGN", utilisé comme porte d’entrée par le virus (jusqu'à 120) ». « Une molécule modèle n’en possédant que 12 est environ 1 000 fois moins active et une molécule ne possédant qu’un seul sucre l’est 100 000 fois moins », rajoute le Centre.

Une piste à l'étude pour d'autres virus (sida, dengue)

Au-delà du virus Ebola, ces scientifiques notent que d’autres pathogènes (comme le virus du sida et celui de la dengue) utilisent aussi le récepteur "DC-SIGN" comme porte d’entrée dans les cellules. Ceci ouvre donc le champ d’applications possibles pour ces méga-molécules. « Cependant, avant que des molécules construites sur ce principe ne se retrouvent peut-être sur le marché, il reste de nombreuses étapes de développement et de tests in vivo », tempère l'équipe de chercheurs.



Source : CNRS

Pour rappel, l’épidémie d’Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l’ouest est la plus grave depuis l’identification du virus en 1976. Elle a fait environ 11 300 morts depuis la fin 2013 pour environ 27 500 personnes contaminées en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée-Conakry. Le Liberia a été déclaré libre de contagion début septembre et la Sierra Leone devrait être déclarée samedi 14 novembre exempte de contamination après 42 jours sans nouveau cas.

(1) Centre National de la Recherche Scientifique

(2) Ces travaux ont été réalisés par des chimistes du CNRS et de l’Université de Strasbourg, en collaboration avec des collègues belges et espagnols.