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Délégation de tâches

Ophtalmologie : les médecins de la Sarthe ont réduit les délais d'attente

Par Anne-Laure Lebrun

Pour réduire les délais d’attente, ophtalmologistes et orthoptistes partagent les tâches. Une solution qui marche dans le département de la Sarthe.

SIPA

« Pour un rendez-vous, ce ne sera pas avant l’année prochaine ». L’attente interminable pour obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologiste n’est plus qu’un mauvais souvenir pour les Sarthois. Depuis plus de deux ans, les spécialistes du département collaborent étroitement avec les orthoptistes pour réduire les délais d’attente.

Ce dispositif ne concerne que les patients déjà connus des cabinets et qui souhaitent un renouvellement de lunettes, « soit environ 12 % de notre patientèle », relève le Dr Jean-Bernard Rottier, ophtalmologiste au Mans et l’un des initiateurs du projet. Les orthoptistes, spécialistes du dépistage et de la rééducation des troubles oculaires, réalisent le bilan visuel et envoient le dossier à l’ophtalmologiste qui le contrôle à distance puis adresse l’ordonnance au patient quelques jours après. Les orthoptistes ne peuvent toutefois réaliser le bilan visuel que des patients de 6 à 50 ans.

 

15 jours d’attente

Plus d’un an après le lancement de l’expérimentation, les progrès sont là. Le Dr Rottier a vu ses délais de consultation diminuer de 9 à 6 mois, et les patients souhaitant un simple renouvellement de lunettes n’attendent plus qu’une quinzaine de jours contre 12 mois auparavant. Alors que le dispositif ne comptait que 3 ophtalmologistes et autant d’orthoptistes au départ, « il compte aujourd’hui 10 médecins et 21 orthoptistes dans la région et plus de 3 000 patients ont été pris en charge », indique Stéphane Guerraud, responsable de ce projet pilote au sein de l’Agence Régionale de Santé Pays de la Loire.

Dans les départements sinistrés comme la Sarthe, cette réduction des délais est très importante, notamment parce que les médecins ne pouvaient plus accepter de nouveaux patients. Les départs à la retraite non remplacés ne sont pas là non plus pour arranger la situation. « L’année dernière, cinq confrères sont partis sans être remplacés, ce qui représente environ 75 000 patients sans ophtalmologiste », souligne le spécialiste. Les patients pris en charge par les orthoptistes ont donc permis de libérer des plages horaires qui permettent aujourd’hui d’accepter de nouveaux patients.

 

Satisfaction partagée

En outre, les spécialistes et les patients sont très satisfaits de ce partage des tâches entre professionnels. « Moins de 2 % des patients sont retournés voir leur ophtalmologiste parce qu’ils avaient le sentiment que leur correction n’était pas adaptée », relève Stéphane Guerraud.

Au vu de ces beaux résultats, le protocole devrait être élargi d’ici peu à la France entière, sûrement dans une forme modifiée. « En pratique, nous nous sommes rendus compte que la demande pour le renouvellement des lentilles est forte. C’est pourquoi nous demanderons à la Haute Autorité de Santé d’inclure cette mesure dans le protocole déployé à l’échelle nationale », explique le Dr Jean-Bernard Rottier. « Une évolution de l’âge des patients concernés par ce protocole est également envisagée », indique de son côté Stéphane Guerraud.

D’ailleurs, cette répartition des tâches a convaincu la ministre de la Santé. Soutenue par le rapport de Dominique Voynet, Marisol Touraine a annoncé qu’elle ajouterait cette mesure au projet de loi de santé, actuellement discuté au Sénat.