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Cannabis : le "e-joint" séduit les ados américains

Par Stéphany Gardier

Il n’avait pas fallu longtemps après l’arrivée sur le marché des premières « vapoteuses » pour que la question se pose : ces dispositifs allaient-ils aussi permettre de consommer du cannabis sans subir les méfaits du tabac ? Déjà soupçonnée d’être une porte d’entrée vers le tabagisme pour les plus jeunes, la cigarette électronique pourrait aussi avoir un impact sur la consommation de cannabis. C’est tout du moins ce que suggère une étude parue dans la très sérieuse revue Pediatrics, et commentée dans Le Figaro.

 

Cannabis et e-cigarette semblaient dès les premiers temps former un couple gagnant commercialement. Il n’avait d’ailleurs pas fallu très longtemps pour que les fabricants de liquides pour cigarettes électroniques proposent des e-liquides « aromatisés » au chanvre, ne contenant donc pas de substances psychoactives mais restituant l’odeur et la saveur du pétard. De jeunes entrepreneurs français ont même tenté en 2014 de commercialiser un « e-joint », toujours exempt de THC, mais contenant tout de même du cannabidiol, composé naturel du cannabis, sans effet psychotrope mais avec des vertus « relaxantes ». La Kanavap a cependant fait long feu, Marisol Touraine n’ayant pas vu d’un très bon œil le produit.

 

L’absence sur le marché de réels e-joints ne semble cependant pas avoir été un obstacle majeur, au moins outre-Atlantique, pour les jeunes amateurs de cannabis. Dans l’Etat du Connecticut, où les chercheurs de l’Oberlin College (Ohio) ont mené leurs travaux, 18 % des lycéens habitués à utiliser une e-cigarette, en font usage aussi pour vaporiser du cannabis. Selon les scientifiques, un lycéen « vapoteur » serait 27 fois plus susceptible de céder à l'e-joint qu’un utilisateur d'e-cigarette adulte.

Comme en France, il n’existe pas aux Etats-Unis d'e-liquide contenant du THC, mais « compte tenu de la popularité de l'e-cigarette et de l’ingéniosité des adolescents, ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils n’associent les deux », commentent un brin fatalistes les auteurs de l’étude, cités dans le Figaro.

 

En France, la vaporisation de cannabis resterait « anecdotique », selon les experts interviewés dans Le Figaro. Les lycéens français seraient-ils donc moins ingénieux que leurs homologues américains ? Les spécialistes mettent plutôt en avant une différence de contexte : possible selon eux que la légalisation récente dans plusieurs Etats américains (dont le Connecticut) du cannabis thérapeutique, aurait permis de diffuser de nombreuses informations sur la substance… y compris les risques liés aux joints, contenant le plus souvent du tabac et donc aussi nocifs de ce point de vue que la cigarette. « Même si l’idéal est de ne rien prendre, le recours au vapotage a au moins l’avantage d’éviter l’inhalation de substances cancérigènes associées à la combustion », fait ainsi remarquer Nicolas Bonnet, directeur du Réseau de prévention des addictions (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière).