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Rapport annuel de l'Ordre des médecins

Gardes de nuit et de week-end : de moins en moins de médecins volontaires

Par Anne-Laure Lebrun

La permanence des soins assurée par les médecins généralistes est menacée. Dans son rapport annuel, l'Ordre des médecins fait état de son inquiétude et propose des pistes de réflexion.

Baleydier/SIPA
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Dans les prochaines années, les gardes de nuit, week-end et jours fériés pourraient être menacées. Une dégradation constatée et annoncée depuis plusieurs années par l’Ordre des médecins. Dans son 12ème rapport annuel sur la permanence des soins (PDS) publié ce jeudi, l’Ordre fait état d’un « système qui s’épuise » et manifeste à nouveau son inquiétude.

Erosion du volontariat

Depuis les grèves de 2002 qui ont vu disparaître l’obligation de garde, la permanence des soins repose sur le volontariat des médecins généralistes libéraux. En 2014, seuls 63 % de départements ont enregistré un taux de volontaires supérieur à 60 % contre 73 % deux ans plus tôt. « Le volontariat des médecins continue de s’éroder tant pour des raisons d’évolution de la profession que de la société, explique Jean-Michel Béral, président de la commission de la permanence des soins du Conseil national de l’Ordre des médecins contacté par Pourquoidocteur.

A cela s’ajoute la démographie de la médecine générale en berne, les nombreux départs en retraite et le déficit d’installations en libéral. « Les charges et les missions des médecins généralistes sont aussi de plus en plus lourdes la journée, commente le médecin. Du coup, ils sont moins disponibles ou trop épuisés pour être volontaires pour participer à la permanence des soins. »

Source : Conseil national de l'Ordre des médecins, rapport annuel 2014 sur la permanence des soins

Des territoires trop vastes

Mais au-delà de ces causes structurelles, l’Ordre estime que le dispositif, sous la responsabilité des Agences régionales de santé (ARS), a atteint ses limites. Le CNOM pointe en particulier le regroupement des zones à couvrir pour répondre au déficit de praticiens, qui aboutit à des territoires toujours plus vastes, « sur lesquels il n’y a plus de solidarité professionnelle entre les praticiens et qui décourage le volontariat », déplore Jean-Michel Béral.

Pour pérenniser la permanence des soins et couvrir tout le territoire, l’Ordre des médecins émet plusieurs recommandations. Il demande des campagnes d’information des usagers pour expliquer le fonctionnement des PDS et inciter les Français à appeler le 15. La nouvelle loi de santé prévoit un nouveau numéro national qui devrait permettre de réduire les consultations aux urgences. La généralisation du tiers payant pour les actes de PDS en ville comme à l’hôpital pourrait aussi permettre de désengorger les services d'urgences. La piste de la télémédecine est également évoquée, ainsi que la professionnalisation des gardes (voir encadré).

 

Dans certaines régions de France, des médecins s'associent et créent des cabinets ouverts uniquement aux heures de permanence des soins. Jean-Michel Béral, qui exerce dans ces conditions à Saint-Denis de La Réunion, reconnaît que la professionnalisation de l'« effection » est plus facile à mettre en place dans les zones urbaines ou les régions où l'activité est importante pour les médecins.
Sur l'île de la Réunion, parmi les 11 territoires de permanence de soins, 7 fonctionnent grâce aux professionnels de la permanence de soins. Ils sont regroupés dans des structures telles que SOS médecins, ouvertes en journée et en soirée, ou dans des cabinets fonctionnant sur le modèle des maisons médicales de garde, ouverts après 20h, et durant les week-ends et jours fériés. Pour Jean-Michel Béral, cette solution permet aux praticiens qui ne souhaitent plus faire de gardes de se concentrer sur leur activité la journée en sachant que les permanences des soins sont assurées.