ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > La créatine associée à un surrisque de cancer des testicules

Suppléments pour la prise de masse musculaire

La créatine associée à un surrisque de cancer des testicules

Par Suzanne Tellier

Certains suppléments consommés dans le but d’augmenter sa masse musculaire – créatine, hormones – seraient associés à un surrisque de cancer des testicules.

PureStock/SIPA

Prendre des suppléments pour augmenter sa masse musculaire n’est pas sans risque. Le constat semble évident concernant les stéroïdes et anabolisants, interdits dans de nombreux Etats. Mais il semble également se vérifier pour des produits légaux et d’usage commun, comme la créatine.

Un surrisque de 65%

Des chercheurs de l’Université Brown, aux Etats-Unis, ont établi un lien entre la consommation de deux suppléments (créatine , androstènedione) et l’apparition de cancer des testicules. Leurs travaux portent sur près de 900 hommes américains (dont 356 atteint d'un cancer du testicule) et ont été publiés dans la revue British Journal of Cancer.

Les scientifiques ont ainsi interrogé les sujets de l’étude sur leur consommation de suppléments pour favoriser la prise de masse musculaire. De manière à éviter les biais, les chercheurs ont passé en revue plusieurs facteurs pouvant influencer les résultats (consommation de tabac et d’alcool, activité physique, antécédents familiaux de cancers…).

Or, selon leurs observations, les hommes qui ont consommé ces suppléments auraient 65 % de risques en plus de développer un cancer des testicules. Par consommation, les chercheurs entendent le fait d’utiliser un ou plusieurs suppléments au moins une fois par semaine pendant au moins quatre semaines consécutives.

Polyconsommation : risque majoré de 177 %

Ce risque serait étroitement lié à l’intensité, à la nature et à la durée de la consommation. En effet, au sein de la cohorte, un usage de suppléments pendant au moins trois ans s’est révélé être à l’origine d’un surrisque de 156 %. Le fait de commencer jeune semble aussi influencer les résultats : avoir consommé des suppléments avant 25 ans élève ce surrisque à 121  %.

Mais le plus risqué des usages serait celui qui associe différents types de suppléments. Or, il arrive souvent que les consommateurs prennent plusieurs substances à la fois, de manière à améliorer leurs performances. Au sein de la cohorte, la polyconsommation était associés à un surrisque de 177 %.

« Ces résultats sont importants, car à ce jour, peu de facteurs de risques modifiables du cancer des testicules ont été identifiés », expliquent les auteurs, tout en reconnaissant que si l’association semble avérée, le lien de causalité reste à établir. Il s’agit de la première étude épidémiologique sur les relation entre « suppléments du muscle » et cancer des testicules. 

L’Anses s’alarme

Si ces résultats restent à confirmer, ils soulèvent néanmoins des interrogations autour de la créatine, un produit qui circule librement en France. L’étude ne donne pas d’élément permettant d’établir le surrisque propre à ce produit, mais ses auteurs constatent que les personnes qui n’en utilisent pas sont moins à risque.

Ces conclusions rejoignent celles d’un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (ex Afssa, devenue Anses), daté de 2001. A l’époque, l’Agence a dû prendre position sur ce produit, qui serait consommé par un sportif olympique sur deux. Les auteurs du rapport ont conclu à l’inefficacité du produit pour des efforts longs, et à sa potentielle toxicité, pris à haute dose et pendant plusieurs années.
Ils appelaient alors à la plus grande des prudences. « L’application de ce principe de précaution aux suppléments de créatine, dans l’attente d’études plus approfondies, conduirait à ne pas en autoriser la prescription, ni la mise sur le marché et donc désormais à l’interdire, en motivant ce refus par une information appropriée vers les usagers », peut-on lire dans leur avis.

Consultez notre ouvrage vidéo numérique,

seule une création de compte est requise pour y accéder.