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Particules fines, CO2…

La pollution de l’air favorise AVC et anxiété

Par Julie Levallois

Des particules en suspension qui coûtent cher à notre santé. La pollution aérienne est associée à un risque accru d’AVC et d’anxiété, selon deux études parues dans le BMJ.

Remy de la Mauviniere/AP/SIPA

Les yeux qui piquent, le nez qui coule, la gorge irritée. Ce sont les symptômes les plus visibles lors d’un épisode de pollution, comme celui qu’a récemment connu la France. Mais selon deux revues d’études parues dans le British Medical Journal, des signes plus pernicieux peuvent être observés. Un air de mauvaise qualité favoriserait ainsi les AVC et l’anxiété.

 

Le rôle du trafic routier

Lors d’un pic de pollution aérienne, on observe un nombre accru d’admissions à l’hôpital pour AVC. Des chercheurs écossais ont donc réalisé une grande méta-analyse, incluant 103 études menées dans 28 pays. Leur objectif : déterminer de manière solide le lien entre AVC et pollution. Dans l’immense majorité des cas, les travaux ont été dirigés dans des pays industrialisés. Pourtant, c’est dans les pays à faible et moyen niveau de revenus que l’air était le plus pollué.

 

 

Quel que soit le pays, la pollution de l’air est associée à un risque accru d’AVC. Le trafic routier est le premier responsable d’une altération du système vasculaire. Chaque tranche de 10 parties par milliard (ppb) de dioxyde de soufre est ainsi liée à une augmentation d’ 1,9 % du risque d’AVC. Il s’agit aussi du polluant le plus mesuré. C’est avec l’ozone que l’association est la plus faible.

 

Pour ces polluants, l’association se renforce avec la durée d’exposition. Ce n’est pas le cas pour les particules en suspension (PM10 et PM2,5), qui sont associées à un surrisque d’AVC dans les deux jours suivant l’exposition. Là encore, la relation est dose-dépendante : le risque augmente de 1,1 % (PM10) et 0,3 % (PM2,5) par tranche de 10 microgrammes par m3 d’air.

 

Circulation et système nerveux

« Ces associations persistent lorsque nous stratifions nos analyses par modèle d’étude, âge ou survie, concluent les auteurs. Nous avons donc démontré que les polluants routiers et les PM sont solidement et durablement associés à une admission à l’hôpital ou un décès par AVC. Nous suggérons qu’améliorer la qualité de l’air pourrait réduire le fardeau des AVC. »

En effet, des études précédentes ont montré que la pollution peut affecter les cellules entourant le système circulatoire et accroître l’activité du système nerveux sympathique. Cela peut entraîner un rétrécissement des vaisseaux sanguins, une pression artérielle accrue, un moindre afflux sanguin dans les tissus et augmenter le risque de thrombose. Il a aussi été montré qu'améliorer la qualité de l’air a des effets bénéfiques, au moins pour les adolescents.

 

Plus d’anxiété

Outre ses effets sur le système cardiovasculaire, la pollution aérienne agirait sur la santé mentale. Une équipe des universités Johns-Hopkins (Baltimore, Maryland, Etats-Unis) et Harvard (Cambridge, Massachussetts, Etats-Unis) a observé l’impact d’un pic de pollution sur l’anxiété de 70 000 femmes. Ils ont pris en compte le fait de vivre près d’un grand axe de circulation, ainsi que l’exposition aux particules PM10 et 2,5.

 

Une femme sur six présentait des signes élevés d’anxiété au moment de l’étude. Les participantes qui avaient été exposées aux PM2,5 étaient plus à risque de souffrir de symptômes sévères, tout comme celles qui vivaient entre 50 et 200 m d’un axe majeur de circulation. En revanche, plus le délai entre l’exposition et l’étude était long, plus les symptômes d’anxiété s’amélioraient. Les auteurs indiquent que les particules en suspension favorisent le stress oxydant et l’inflammation, ce qui pourrait expliquer cette association.

 

 

Ces travaux « confirment le besoin urgent de gérer la pollution aérienne de manière mondiale », commente Michael Brauer, de l’université de Colombie-Britannique (Canada), dans un éditorial. Améliorer la qualité de l’air « pourrait être un moyen coût-efficace de réduire le lourd fardeau des maladies que sont l’AVC et la mauvaise santé mentale », écrit-il.