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Alimentation

Le sel en excès néfaste pour les reins et le cerveau

Par Julie Levallois

Trop de sel nuit à la santé. L'affirmation ne concerne pas que les hypertendus mais la population générale. Le cœur et les vaisseaux, mais aussi le cerveau et les reins, paient ces excès.

Jeff Blackler / Rex Fea/REX/SIPA

Le sel est une menace pour tous. Même sans entraîner une hypertension, ce condiment endommage la santé générale, précise une revue d’études parue dans le Journal of the American College of Cardiology. Quatre chercheurs de l’université du Delaware (Etats-Unis) y détaillent les dégâts de l’excès de sodium sur l’organisme.

 

Des dommages cardiovasculaires

Actuellement, la population est séparée en deux groupes. D’un côté, les personnes dont la pression artérielle varie selon la consommation de sel. De l’autre, celles dont la pression artérielle n’est pas influencée par ce paramètre. Ces personnes sont considérées comme « résistantes » au sodium. Or elles ne le seraient pas tant que ça.

L’excès de sel endommage les vaisseaux sanguins, notamment leur paroi interne, qui joue un rôle dans la coagulation et le système immunitaire. Les artères sont également plus rigides. Ces phénomènes s’observent indépendamment de l’hypertension artérielle.

« Un régime riche en sel peut aussi entraîner une hypertrophie du ventricule gauche, ajoute David Edwards, co-auteur de l’article. Comme les parois de cette chambre s’épaississent, elles deviennent moins réactives et finissent par être incapables de pomper avec autant de force qu’un cœur sain. » Une hypertrophie ventriculaire gauche mène le plus souvent à une insuffisance cardiaque.

 

Hypersensibilité des neurones

Le système nerveux sympathique, qui régule de nombreuses fonctions de l'organisme, paie aussi le prix d’un excès de sel, détaillent les chercheurs. Le sodium sensibiliserait certains neurones, « ce qui entraîne une plus forte réaction à divers stimuli, comme la contraction des muscles squelettiques », explique William Farquhar. Encore une fois, cette association s’observe sans que la pression artérielle ne varie. Lorsqu’elle est chronique, cette hypersensibilité endommage les organes trop sollicités.

Finalement, seule la fonction rénale dépend du niveau de pression artérielle.

 

Le piège du sel caché

L’apport quotidien en sel doit être impérativement réduit, concluent les chercheurs. Retirer la salière de la table est un premier geste, mais il ne suffit pas. « Environ 70 % du sodium présent dans notre alimentation provient d’aliments préparés de manière industrielle, précise William Weintraub. Ceci inclut des aliments dont on ne pense pas qu’ils sont salés – comme le pain et les céréales. Par ailleurs, les aliments consommés au restaurant contiennent plus de sel que les plats préparés à la maison. »

 

Pour fonctionner, l’organisme n’a besoin que de 5 grammes de sel par jour. Cette limite est d’ailleurs celle recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Mais les apports quotidiens la dépassent largement. En France, selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses), les hommes consomment 8,7 grammes de sel par jour et les femmes 6,7 grammes. Ce qui reste au-delà des seuils - élevés - proposés par le Programme National Nutrition Santé (PNNS) : 8 grammes par jour pour les hommes et 6,5 pour les femmes et les enfants.