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Benzodiazépines, somnifères...

Sécurité routière : les pictogrammes sur les médicaments n'ont pas d'effet

Les pictogrammes indiquant le niveau de risque d’accident de la route en lien avec la prise médicamenteuse n’ont pas modifier les comportements.

Sécurité routière : les pictogrammes sur les médicaments n'ont pas d'effet OlafNaami/epictura




Sur votre boîte de médicaments figure une petite voiture dans un triangle orange. Vous ne l’aviez pas remarquée et vous avez pris le volant ? Alors, vous illustrez à merveille cette étude. Les pictogrammes sur les boîtes de médicaments n’ont pas eu l’effet escompté : depuis leur introduction en France, les accidents routiers associés à la prise médicamenteuse n’ont pas baissé. Comme si les conducteurs faisaient fi de ces symboles ou ne les comprenaient pas leur signification.

Tel est le constat d’une équipe de chercheurs de l’Inserm, qui s’est penchée sur l’impact de ces pictogrammes dans une étude publiée dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology. En 1999, l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM, ex Afssaps) mettait en place un système de signalement pour informer les consommateurs sur les risques routiers liés à certaines molécules – soit un tiers des médicaments disponibles sur le marché.

3 niveaux de risque

Les pictogrammes ont été complétés en 2005 d’une couleur et d’une mention explicative. Le premier niveau de danger est signifié par la couleur jaune qui préconise de « ne pas conduire sans avoir lu la notice ». Le triangle orange correspond au niveau 2 et demande d'être « très prudent » et de « ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé ». Enfin, avec triangle rouge (niveau 3), il ne faut pas conduire du tout, sauf si un professionnel de santé l’autorise.

L’équipe de chercheurs s’est concentrée sur les deux derniers pictogrammes, qui regroupent les somnifères ou les médicaments contre l'anxiété de la famille des benzodiazépines et apparentés. Ces médicaments « représentent 70 % des médicaments associés aux accidents », indiquent les auteurs, qui avaient déjà montré dans une publication précédente que les médicaments étaient impliqués dans 3 à 4 % des accidents de la route en France.

Diffuser le message

Pour déterminer l'efficacité des pictogrammes, les chercheurs ont identifié 150 000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011, en les répartissant en 4 grandes périodes : de juillet 2005 à décembre 2006 (avant l'instauration des nouveaux pictogrammes), de janvier 2007 à mai 2008 (mise en place du système), puis de juin 2008 à décembre 2009 et de janvier 2010 à décembre 2011, pour suivre l'évolution.

Or, les chercheurs n'ont trouvé aucun effet significatif lié à l’introduction de ces pictogrammes. Ils ont même trouvé une légère hausse du nombre d'accidents liés aux somnifères de type benzodiazépines ou apparentés (comme Stilnox, Zolpidem ou Imovane) qui pourrait être due à « l'augmentation de la consommation de ces produits par une population vieillissante ».

Les chercheurs insistent sur le rôle du médecin, qui doit mettre en garde son patient lorsqu'il lui prescrit un médicament à risque, et notamment sur la durée des effets, qui peuvent perdurer pendant 12 heures. « Les informations inscrites sur les boîtes de médicaments sont pertinentes, mais ça ne suffit pas », insistent les chercheurs.
Contactée par Pourquoidocteur, l’ANSM explique qu’une réflexion est actuellement engagée pour améliorer non pas la forme ou l’aspect de ces pictogrammes mais la communication et l’information autour d’eux.

 

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