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Jeûne

Le jeûne, potentiellement dangereux

Par Camille Sabourin

Pourtant très populaire, au-delà de 24 heures, dans le cas d’une perte de poids, le jeûne est une aberration physiologique potentiellement dangereuse.

Panuwat Dangsungnoen / iStock

Le jeûne fait partie de l’histoire de l’évolution de l’homme. Sa capacité à pouvoir mettre en marche des mécanismes d’adaptation physiologique, dès que la nourriture commence à manquer, lui a permis de traverser les grandes famines de la préhistoire. Nous sommes les survivants, c’est-à-dire les dépositaires, d’une incroyable résistance à la privation et d’une capacité particulière à très vite « (re)stocker ».

Le jeûne thérapeutique est un sujet très « tendance » qui provoque des polémiques interminables entre médecins. En fait, il faut avoir en permanence deux notions en matière de jeûne : la durée et le but.

Le jeûne dangereux

Un adulte de 1,70 m, pesant 70 kg, possède environ 15 kg de réserve de graisse, de quoi tenir, s'il est en bonne santé, une quarantaine de jours de jeûne. Mais au-delà, le corps consomme ses protéines, celle des muscles, mais aussi du cœur. Il se « cannibalise » pour approvisionner le cerveau. Aux États-Unis, le National Council Against Health Fraud (NCAHF) est catégorique et « met fermement en garde contre l'usage prolongé du jeûne à des fins de santé ».

Le jeûne dit thérapeutique

Des chercheurs en Union soviétique ont étudié les mécanismes du jeûne pendant plus de quarante ans et ont expérimenté le jeûne thérapeutique sur des dizaines de milliers de patients dans le cadre d'une politique nationale de santé publique. Tout cela est minutieusement décrit dans de nombreuses études, qui n'ont jamais été traduites et sont donc restées inconnues dans notre pays.

Les défenseurs du jeûne mettent en avant de nombreuses études pour montrer son effet sur la polyarthrite rhumatoïde, l'intestin irritable, les douleurs chroniques, la qualité du sommeil, la détoxification de certains pesticides et dioxines, et même l'amélioration de l'humeur. Son effet théoriquement bénéfique en complément d’une chimiothérapie est l’indication la plus défendue. Toutes ces études sont décriées par la médecine classique…

Une tendance très médiatisée : le jeûne alterné

Un petit repas toutes les 12 h. Dans le cas d’une perte de poids programmée (qui a été effective), la seule expérience scientifique a montré une sensation de faim pénible et persistante qui démontre l'improbabilité de continuer ce régime pendant des périodes prolongées.  

En conclusion,  il faut avoir à l’esprit une règle non négociable : au-delà de 24 heures, dans le cas d’une perte de poids, le jeûne est une aberration physiologique qui sera inévitablement suivie par sa conséquence : le stockage d’un peu plus de graisse…