ACCUEIL > FÉMININ SANTÉ > Le diabète gestationnel augmente le risque cardiaque à long terme

898 femmes suivies pendant 20 ans

Le diabète gestationnel augmente le risque cardiaque à long terme

Par Melanie Gomez

Les femmes ayant eu un diabète gestationnel même sans développer un diabète de type 2 par la suite seraient plus à risque de maladie cardiovasculaire à 40 ans d’après une étude américaine. 

Featur/REX/SIPA
MOTS-CLÉS :

Prise de poids excessive pendant la grossesse, sucre dans les urines, glycémie à jeun supérieure à la normale, ces signes peuvent annoncer un diabète gestationnel. Une maladie qui doit être traitée avec précaution pour éviter les complications.
Cette pathologie concernerait 3 à 9% des femmes enceintes, et bien qu’après l'accouchement il arrive qu’il entraîne un diabète de type 2, dans la majorité des cas, ce diabète gestationnel est temporaire. Les femmes n’en entendent plus parler en dehors de cette période.
Pourtant, selon une étude publiée ce jeudi dans le Journal de l’American Heart Association, ce trouble passager pourrait en réalité laisser plus de séquelles qu’il n’y paraît. Et notamment il pourrait majorer leur risque cardiaque global à plus long terme. « La grossesse permet d’identifier les femmes à risque cardiovasculaire, car c’est un modèle de stress métabolique, de stress vasculaire », explique le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et 1ère Vice-Présidente de la Fédération française de cardiologie (FFC).

 

Un risque cardiovasculaire plus précoce chez ces femmes

Dans cette étude qui a duré 20 ans, les chercheurs ont donc évalué les facteurs de risque de maladie cardiaque avant la grossesse chez 898 femmes, âgés de 18 à 30 ans , ayant eu un ou plusieurs enfants. Ces femmes ont été testées périodiquement pour le diabète et les maladies métaboliques avant et après leur grossesse.
De plus, cette équipe a mesuré l'épaisseur des parois de l'artère carotide des participantes, celle où le sang circule vers le cou et le visage, en moyenne 12 ans après leur accouchement. En effet, cette donnée permet  aux cardiologues de mesurer précocement l'accumulation de plaques dans les artères et donc de prédire la crise cardiaque et d'AVC.
Au final, les résultats de cette analyse montrent que les femmes ayant un antécédent de diabète gestationnel sans avoir pour autant développé un diabète de type 2 ou un syndrome métabolique par la suite, (troubles associées au surpoids ou à l’obésité) avaient une paroi de l’artère carotide plus épaisse que celles qui n’avaient jamais eu de diabète gestationnel.

 

Ecoutez le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue et Vice-Présidente de la FFC : « La grossesse est une loupe sur le risque cardiovasculaire futur. Si après son diabète gestationnel la femme ne met pas en place une hygiène de vie stricte elle va évoluer vers un syndrome métabolique à la pré-ménopause. »

 

Les complications de la grossesse, facteurs de risque à long terme

«Notre recherche montre que le seul fait d’avoir un antécédent de diabète gestationnel élève le risque de développer une athérosclérose précoce, avant même que la femme ne développe un diabète de type 2 ou du syndrome métabolique, précise le Pr Erica P. Gunderson, auteur principal de l'étude. La grossesse a été sous-estimée en tant que période représentant un signal du risque cardiaque futur chez la femme ».

 

Ecoutez le Pr Claire Mounier-Vehier : « Cette étude confirme les recommandations américaines sur le risque cardiaque des femmes qui placent celles qui ont eu un diabète gestationnel, une hypertension ou une pré-éclampsie comme à risque élevé. »

 

Selon ces chercheurs qui travaillent depuis des années à une meilleure compréhension du diabète gestationnel, il est désormais primordial de mieux comprendre en quoi certaines caractéristiques de la grossesse peuvent contribuer au risque d’autres maladies chez les femmes. Selon eux, il s’agit d’une approche récente qui permettra à terme de mettre en place des efforts de prévention plus précocement chez ces femmes à risque cardiovasculaire.

 

Ecoutez le Pr Claire Mounier-Vehier : « Il ne faut pas alarmer ces femmes, mais leur expliquer qu’elles ont une prédisposition au risque cardiaque et qu’elles peuvent protéger leur capital santé en ayant une hygiène de vie adaptée. » 

 

 

En savoir plus

La Fédération Française de Cardiologie propose gratuitement la brochure Cœur, Artères et Femmes sur son site.