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Etude sur 124 000 femmes

L'âge des premières règles et de la ménopause influence la longévité

Par Audrey Vaugrente

L’espérance de vie des femmes est influencée par l’âge des premières règles et de la ménopause. Les femmes fertiles pendant 40 ans ont tendance à vivre plus longtemps et souffrir moins de diabète.

HighwayStarz/epictura

Puberté et ménopause précoces sont un problème croissant depuis plusieurs années. Perturbateurs endocriniens, polluants environnementaux sont autant de causes qui influent sur la reproduction féminine. Les conséquences peuvent être lourdes, sur l’espérance de vie comme sur la santé. Le suivi de milliers d’Américaines le confirme. Deux études qui s’appuient sur la même cohorte, Women’s Health Initiative, livrent des résultats convergents : une ménopause tardive ou précoce affecte le risque de diabète. Elle réduit aussi les chances de vivre longtemps, expliquent les chercheurs dans la revue spécialisée Menopause.

Un bouleversement hormonal

La première étude se base sur le suivi de 124 000 femmes pendant 12 ans. En moyenne, leurs règles se sont arrêtées vers 51 ans. La période à laquelle ce processus se met en place est importante : lorsque la ménopause survient avant 46 ans, le risque de diabète est accru de 25 %. Une aménorrhée tardive (après 55 ans) a un moindre impact : la probabilité de développer cette maladie chronique augmente de 12 %.

Erin LeBlanc, principal auteur de ces travaux, conseille aux femmes concernées de « surveiller leur surpoids, manger sain et faire de l’exercice. Ces modifications du mode de vie aideront à réduire leur risque. » Cette association s’explique en grande partie par le bouleversement hormonal qui survient au moment de la ménopause. La chute brutale du taux d’œstrogènes est associée à une prise de masse grasse, une augmentation de l’appétit, un métabolisme ralenti et une glycémie plus élevée. Quatre facteurs qui favorisent la survenue d’un diabète.



Des cycles reproductifs de 40 ans

La durée du cycle reproductif, durant lequel la femme peut se reproduire, entre aussi en ligne de compte. Les chercheurs ont observé que les participantes aux cycles les plus courts – inférieurs à 30 ans – sont 37 % plus à risque de diabète. Les cycles les plus longs – de 45 ans et plus – augmentent également le risque de 23 %.

Au sein de la fourchette, les femmes sont moins exposées au syndrome métabolique. Mais elles peuvent aussi espérer vivre plus longtemps. C’est ce que montre la deuxième étude basée sur la Women’s Health Initiative. Sur les 16 000 femmes suivies pendant 21 ans, une bonne moitié a vécu 9 décennies. Là encore, l’âge de survenue de la ménopause – mais aussi des premières règles – joue un rôle non négligeable.

« Les femmes dont les règles ont commencé après 12 ans, dont la ménopause - naturelle ou chimique - est survenue après 50 ans, et qui ont eu plus de 40 années de fertilité ont plus de chances de vivre jusqu’à 90 ans », explique Aladdin Shadyab, qui signe ces travaux. Le chercheur souligne que cette population est moins exposée aux maladies chroniques, ce qui pourrait expliquer le gain d’espérance de vie. En effet, les menstruations plus tardives réduisent le risque de maladies coronariennes. Les ménopauses qui ne sont pas précoces augmentent les chances d’être en bonne santé. De fait, les nonagénaires de l’étude étaient moins souvent fumeuses ou diabétiques.

Des modifications dans le cerveau

Le risque accru de pathologies cardiovasculaires ou métaboliques après la ménopause a peut-être trouvé son explication. Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes ne sont pas les seules perturbations provoquées par la chute d'hormones sexuelles. Ce phénomène pourrait aussi être à l'origine de la baisse d'activité des femmes ménopausées. Une étude sur le rat, publiée dans Physiology & Behavior, a mis en évidence une altération cérébrale. Plusieurs rates ont été placées dans une cage avec une roue. Lorsque leurs ovaires ont été retirés, les rongeurs ont significativement réduit leur activité physique. Dans le même temps, les taux de dopamine ont chuté. Les chercheurs mettent donc en évidence un mécanisme au niveau des circuits de la récompense, chargé de réguler le sentiment de plaisir et la motivation tirés de l'activité physique. « La chute d'activité physique qui mène à la prise de poids peut être provoquée par des changements dans le cerveau », estime Victoria Vieira-Potter, co-auteur de l'étude.