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Dr Chrysoula Zacharopoulou, gynécologue

Endométriose : le combat contre le tabou commence à l'école

Par Audrey Vaugrente

ENTRETIEN – Il faut 7 ans avant qu’une endométriose ne soit diagnostiquée. Pour lever le tabou et réduire cette errance, une campagne d’information à l’école est lancée.

b.zyczynski/epictura

L’endométriose entre à l’école. A partir de la rentrée 2016, élèves et personnel scolaire seront sensibilisés à cette maladie gynécologique qui touche une femme sur dix. L’association Info Endométriose, qui rassemble cinq associations de patientes, est le moteur de cette initiative. Son soutien : le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Grâce à une meilleure information, le Dr Chrysoula Zacharopoulou, gynécologue à l’hôpital Armand-Trousseau (Paris), espère réduire l’errance diagnostique des patientes. Elles doivent attendre en moyenne 7 ans avant de connaître leur maladie.

Comment vous est venue l’idée de ce partenariat ?

Dr Chrysoula Zacharopoulou : J’ai mis au point ce projet il y a de nombreuses années. Il y a trois cibles pour informer sur l’endométriose : les professionnels de santé – par le ministère de la Santé –, le planning familial et les sages-femmes – par le ministère des Droits des femmes –, et les jeunes filles – par le ministère de l’Education nationale.

J’ai présenté mon projet à Najat Vallaud-Belkacem en 2014, quand elle était ministre des Droits des femmes. Je lui ai dit que c’était une question de dignité autant que de santé : notre société doit apprendre à respecter la douleur des femmes et la prendre au sérieux. En raison des remaniements, je me suis trouvée face à Pascale Boistard (secrétaire d'État chargée des droits des femmes, ndlr) et Marisol Touraine quand j’ai avancé le projet. Mais je suis retournée voir les conseillères de Mme Belkacem, qui s’est engagée la première. Elle a tenu parole.

Avez-vous fixé un cadre précis à la formation ?

Dr Chrysoula Zacharopoulou : A partir de septembre, nous enverrons des affiches à tous les lycées et collèges. Elles se trouveront dans les infirmeries scolaires, avec des flyers. Dans le même temps, on va participer à différents congrès et réunions annuelles des infirmières scolaires, pour montrer à quel point faire attention : une adolescente avec des règles douloureuses, des absences fréquentes de l’école, qui rate le sport… L’objectif est de détecter quelles filles peuvent avoir plus tard une endométriose. Quand on voit qu’à 15 ans, leur qualité de vie n’est pas bonne, ça n’est pas normal.

Pensez-vous parvenir à lever les tabous ?

Dr Chrysoula Zacharopoulou : J’attends avant tout du respect. A l’âge où on crée sa personnalité de femme, il est important de bien vivre la période des règles, y compris lorsqu’elles sont douloureuses. Il faut que les adolescentes se sentent prises au sérieux par leurs camarades, les infirmières scolaires, les professeurs. J’espère aussi qu’elles seront adressées à un gynécologue qui puisse réaliser le suivi dans les années à venir.

On ne peut pas changer la génération actuelle, mais on peut poser des bases saines pour la prochaine. On ne verra pas de résultat dès aujourd’hui. Dans les années à venir, le regard sera différent. C’est quand les gens sont informés qu’ils peuvent s’améliorer. Si on reste dans l’ignorance, on n’avance pas.