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QUESTION D'ACTU

Mis au point par des Français

Des tests rapides de résistance aux antibiotiques

Deux tests permettent de détecter en deux heures des bactéries résistantes aux antibiotiques courants. Des outils précieux dans la lutte contre ces résistances responsables de 25 000 décès par an en Europe.

Des tests rapides de résistance aux antibiotiques    POUZET/SIPA




L’alerte avait été lancée au coeur de l’été 2010. Résistante à tous les antibiotiques courants, la bactérie NDM-1 en provenance de New Delhi faisait craindre le pire au corps médical. Depuis, le phénomène de résistance aux antibiotiques n’a cessé de croître notamment chez les Entérobactéries, la famille de cette super-bactérie indienne mais aussi d’Escherichia coli, qui est particulièrement présente dans notre tube digestif et responsable d’infections fréquentes comme les infections urinaires.

La mise au point par une équipe française de deux tests permettant de détecter avec une extrême fiabilité la présence de ces bactéries résistantes chez un malade arrive donc à point nommé. Ils concernent une classe d’antibiotiques très courante, les céphalosporines et une réservée en dernier recours aux situations les plus graves, les carbapénèmes.
En pratique, ces chercheurs ont conçu un système de détection qui vire du rouge au jaune lorsque les bactéries contiennent les molécules acides capables de détruire l’antibiotique. Le résultat est disponible en moins de 2 heures pour moins de 5 euros, contre 1 à 2 jours et plus de 20 euros avec les techniques actuelles en laboratoire. Un gain de temps particulièrement précieux lorsqu’il faut mettre ces malades à l’isolement pour éviter la propagation des bactéries résistantes et adapter leur traitement antibiotique pour ne pas leur donner celui auquel ils résistent.

Comment une bactérie devient-elle résistante aux antibiotiques ?
Les bactéries ont deux moyens de développer une résistance à un antibiotique donné : soit par mutation soit par transfert de gènes de proche en proche avec une bactérie elle-même déjà résistante. Ensuite, ce sont les lois de l’évolution, lorsque les bactéries sont mises en présence de l’antibiotique, seules survivent et se multiplient celles qui ont acquis le gène de résistance. L’usage inapproprié d’antibiotiques favorise donc la sélection et la propagation des bactéries résistantes. C’est ce que l’Assurance Maladie résume dans son slogan « les antibiotiques, si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts ».

Ecoutez le Pr Patrice Nordmann, bactériologiste à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre et directeur de l'unité INSERM 914 «Mécanismes émergents de résistances aux antibiotiques» : « L’antibiotique favorise les bactéries qui lui sont résistantes »


Depuis l’été 2010 et l’inquiétude autour des bactéries NDM-1, l’Inde et plus globalement le sous-continent indien ont été montrés du doigt comme pourvoyeurs de bactéries résistantes. « L’Inde cumule les facteurs de risque, reconnaît Patrice Nordmann. Premier fabricant mondial de médicaments génériques, tous les antibiotiques y sont quasiment en vente libre. Ajoutez la surpopulation et le défaut d’hygiène et les bactéries résistantes vous disent merci ! » Mais aujourd’hui, les réservoirs de bactéries résistantes aux antibiotiques sont partout sur la planète, y compris tout proches de nous.

Ecoutez le Pr Patrice Nordmann : « On a aujourd’hui la même crainte quand des patients sont transférés de Grèce ou d’Italie que lorsqu’ils arrivent d’Inde »



En France, la situation n’est pas aussi problématique que chez notre voisin transalpin. On estime que 6 à 8% des entérobactéries sont résistantes à la classe très courante des céphalosporines. « Cela veut tout de même dire qu’il y a chaque année 70 000 infections urinaires que les médecins généralistes vont avoir des difficultés à traiter », alerte le Pr Nordmann.
Mais pour ce qui est des bactéries multirésistantes, seules 200 à 300 souches ont été isolées en France au cours des 6 premiers mois de 2012, essentiellement importées par des patients étrangers. La Direction générale recommande en effet depuis l’été 2010 de rechercher des bactéries résistantes aux carbapénèmes (les antibiotiques de dernier recours) chez tous les patients transférés depuis un hôpital étranger ou récemment hospitalisés hors de France.
Des mesures d’isolement sont alors appliquées, ce qui explique l’absence d’épidémies massives en France contrairement à nos voisins. La commercialisation du test conçu par l’équipe de Patrice Nordmann, prévue d’ici 12 à 16 mois, devrait encore accélérer le processus et ainsi préserver l’efficacité de ces antibiotiques de dernier recours. « L’enjeu est crucial, assure le bactériologiste. Tout un pan de la médecine moderne, la réanimation, la transplantation ou encore les chirurgies lourdes seraient fortement compromises en l’absence d’antibiotiques efficaces ».

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