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Rapport du Crédit Suisse

Tabac : l’industrie la plus rentable depuis un siècle

Par Marion Guérin

Aux Etats-Unis, l’industrie du tabac est celle qui a enregistré les meilleures performances économiques depuis un siècle, selon un rapport de la banque Crédit Suisse.

POUZET20MN/WPA/SIPA

Les fumeurs rapportent gros. Parmi toutes les industries, le tabac est le secteur le plus rentable depuis un siècle, selon un rapport de la banque Crédit Suisse, qui compare les performances économiques dans quinze secteurs de l’industrie américaine depuis une centaine d’année.

165 fois plus rentable
Sur le long terme, l’industrie du tabac a enregistré des bénéfices record, avec un rendement annuel moyen aux alentours de 15 %. Un dollar investi dans les compagnies de tabac en 1900 en vaut aujourd’hui 6,3 millions... Selon les calculs du site Sydney Morning Herald, « c’est 165 fois plus que la moyenne enregistrée par les autres secteurs industriels ». Aucun n’est parvenu à remplir de tels objectifs sur le long terme.


Performances sur le long terme des industries des Etats-Unis

Pourtant, les fumeurs se font de plus en rares depuis les années 1960 et la découverte de la nocivité du tabac. Aux Etats-Unis, leur nombre décline inexorablement. En 1981, les Américains ont fumé 640 milliards de cigarettes, selon les données du ministère de l’Agriculture ; en 2007 ils n’en ont consommé « que » 360 milliards – soit une chute de 44%.

De plus, le secteur souffre des contraintes qui lui sont imposées par les gouvernements – taxes, contrôle des prix, interdiction de publicité, paquet neutre… En fait, il parviendrait à dégager de telles marges en limitant ses dépenses en innovation, selon l’économiste Morgan Housel, cité par le journal. En effet, les cigarettes vendues sont à peu de choses près les mêmes depuis des dizaines et des dizaines d’années.

Peu d’investisseurs pour de plus rendements
En outre, ce secteur n’est prisé que d’une poignée d’investisseurs, tant il est connoté d’un point de vue éthique, sanitaire et social. Cette situation aurait permis à l’industrie de conserver des taux bas sur le marché pendant des décennies, et de dégager des dividendes massifs.

En effet, selon le rapport, ces bénéfices seraient caractéristiques des « sin stocks », les produits du « péché » - alcool, tabac, jeu, et armes, dans une certaine mesure. Dans tous ces secteurs industriels, le faible nombre d’investisseurs génère des rendements plus importants qu’ailleurs.

Ainsi, selon le rapport de la banque suisse, au Royaume-Uni, un secteur a également tiré son épingle du jeu au cours du siècle dernier. Il ne s’agit pas du tabac… mais de l’alcool.