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Héminégligence

Lésions cérébrales : quand un hémisphère compense les défaillances de l’autre

Par la rédaction

Les patients atteints d’héminégligence agissent comme si une moitié du monde n’existait plus. Mais leurs hémisphères cérébraux pourraient se compenser l’un l’autre.

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

C’est un trouble peu connu. A la suite d’une lésion d'un des hémisphères du cerveau (après un AVC par exemple), certaines personnes développent une « négligence spatiale unilatérale », également appelée héminégligence. La plupart des cas d'héminégligence font suite à une lésion de l'hémisphère droit, et pour les patients tout se passe alors comme si la moitié gauche du monde n’existait plus.


A moitié rasés et maquillés
Les personnes atteintes de ce trouble ne mangent que ce qui se trouve à droite de leur assiette. Ils se cognent dans les meubles situés à gauche, oublient de maquiller ou de raser la partie gauche de leur visage. Il s’agit d’un handicap majeur, dont les victimes peinent à se remettre. Un tiers des patients continuent en effet de présenter des signes plus d’un an après leur lésion.


Un patient souffrant de négligence spatiale omet de recopier les éléments situés à gauche d'une figure - Crédit: PICNIC LAB - ICM

Une équipe de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (Hôpital de la Salpêtrière, Paris) a cherché à comprendre comment l’héminégligence évoluait dans le temps, afin de proposer aux patients une rééducation adaptée. Les scientifiques se sont interrogés sur la capacité de l'hémisphère sain à compenser les fonctions de l'hémisphère lésé.

Plasticité cérébrale
Leur étude, publiée dans la revue Brain, a porté sur 45 patients atteints de lésions vasculaires de l’hémisphère droit. Les résultats suggèrent que les deux hémisphères sont capables de communiquer et que la partie saine du cerveau peut compenser la partie lésée. Cette compensation mettrait en jeu des mécanismes de plasticité cérébrale encore peu connus des neurosciences. Ceci explique pourquoi les deux tiers des patients héminégligents parviennent à retrouver une perception normale de leur environnement.

Pour autant, dans certaines situations, cet effet de compensation est impossible. Il est primordial que le dialogue entre les deux hémisphères soit encore possible et donc, que la lésion cérébrale n'ait pas trop endommagé les voies de communication.

Ainsi, lorsque le corps calleux (principale commissure interhémisphérique) est atteint, le patient est à risque de négligence chronique. « Ces patients doivent donc bénéficier d’un accès prioritaire aux traitements de rééducation », concluent les auteurs de l'étude.