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Entretien avec le Pr Christian Latrémouille

VIDEO. Coeur artificiel : "le patient se porte très bien"

Par Stéphany Gardier avec Cécile Coumau

Le patient qui a reçu en août 2014 un cœur artificiel autonome Carmat est rentré à son domicile. Pour l'un des deux chirurgiens, il mène une vie presque normale. 

Pr Christian Latrémouille (hôpital Georges Pompidou, Paris) Crédit: pourquoidocteur.com et Les productions du moment. Copyright: Tout droit de reproduction interdit.

En décembre 2013, le premier cœur artificiel autonome était implanté chez un patient en insuffisance cardiaque terminale. Claude Dany a survécu 74 jours après l’intervention. Opéré en août 2014, le deuxième patient implanté a quitté le CHU de Nantes il y a quelques jours, selon un communiqué publié lundi 19 janvier par la société Carmat. L’état de santé du patient, âgé de 68 ans, est très satisfaisant selon les médecins et en constante amélioration. Entretien réalisé avec le Pr Christian Latrémouille (hôpital européen Georges Pompidou, Paris) qui a réalisé l’implantation de la prothèse, avec le Pr Daniel Duveau (CHU de Nantes).

Le deuxième patient a-t-il pu reprendre la vie qu’il menait avant l’opération ?

Pr Christian Latrémouille. Le patient se porte très bien et il va même beaucoup mieux que lorsqu’il a été opéré. A l’époque, son insuffisance était arrivée à un stade terminal et sa qualité de vie était très dégradée. Retrouver une fonction cardiaque normale a permis une nette amélioration de la fonction de chacun des organes et de sa condition physique. Et le suivi médical hebdomadaire montre que son état de santé s’améliore de jour en jour.

On peut considérer aujourd’hui que, d’un point de vue physique et psychologique, il est sorti de la maladie cardiaque. Il n’a pas retrouvé la forme de ses vingt ans, mais nous l’avons fait revenir à une vie à peu près normale. Il a tout un tas de projets et, comme il le dit, « Il a oublié son cœur ».

 

Au quotidien, le patient peut-il évoluer en toute autonomie?

Pr Christian Latrémouille. Avant de rentrer, le patient a suivi une petite formation qui lui permet en effet d’être autonome. Le système comporte un boîtier qui permet de contrôler le fonctionnement du cœur, et deux batteries qui offrent une autonomie de six heures. Le tout pèse environ 3 kilos et peut être transporté dans un petit sac à dos, ou une sacoche. Le patient sort sans problème, pour faire ses courses ou voir ses enfants.

 

Le deuxième patient implanté avec le cœur artificiel au CHU de Nantes en compagnie du Pr Alain Carpentier.
Crédit: pourquoidocteur.com et Les productions du moment. Copyright: Tous droits de diffusion et de reproduction interdits.

 

Quels traitements médicamenteux le patient doit-il prendre ?

Pr Christian LatrémouilleActuellement il ne suit qu’un traitement anti-coagulant, par mesure de précaution. Une des caractéristiques de ce cœur artificiel est d’être constitué de biomatériaux qui diminuent nettement le risque de formation de caillots sanguins. A terme, le traitement pourra donc être diminué. Et contrairement à une greffe cardiaque, il n’y pas besoin avec le cœur artificiel de traitement anti-rejet.

Le cœur artificiel est relié aux batteries par un câble, cela augmente-t-il le risque d’infection ?

Pr Christian LatrémouilleOui, bien sûr. Mais c’est le cas pour tous les systèmes d’assistances implantés chez les insuffisants cardiaques. A partir du moment où il y a effraction cutanée, il y a un risque. L’idéal serait de pouvoir se passer de câble, avec un cœur artificiel fonctionnant grâce à un système d’induction d’énergie transcutanée. Mais pour l’instant la consommation de la prothèse est trop importante pour envisager cette option.

 

Qu’est-il prévu en cas de dysfonctionnement technique ?

Pr Christian Latrémouille. Les ingénieurs de Carmat effectuent un suivi hebdomadaire afin de s’assurer du bon fonctionnement du cœur. Et en permanence un système d’alertes intégré permet de signaler la moindre anomalie technique. Le patient doit alors contacter l’équipe qui est bien entendu disponible 24 heures sur 24.

Quels enseignements avez-vous tirés de la première implantation ?

Le patient qui a reçu le premier cœur était plus âgé, il présentait des facteurs de risques associés, comme du diabète, ainsi qu’une grande fragilité tissulaire. Un certain nombre de ces comorbidités se sont démasquées après l’intervention. Pour cette deuxième intervention, nous avons donc cherché un patient qui soit plus jeune, et qui n’ait le moins possible de problèmes de santé associés à son insuffisance cardiaque.

 

Cette étude de faisabilité prévoit quatre implantations. Le prochain patient est-il déjà recruté ?

Non, nous le recherchons activement. Nous restons extrêmement drastiques sur nos critères de sélection et cela explique que le délai entre les interventions soit un peu long.