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E-cigarette au cannabis : son interdiction est-elle possible ?

Après le lancement d’une e-cigarette au cannabidiol, la ministre de la Santé a saisi les juges pour « incitation à la consommation ». Elle souhaite faire interdire le produit. 

E-cigarette au cannabis : son interdiction est-elle possible ? Capture d'écran KanaVape




C’est ce qui s’appelle être réactif. Ce mardi, une entreprise a lancé en grande pompe la toute première cigarette électrique au cannabis en France, « non psychotrope, sans effet euphorisant, et 100% légale ». A peine la conférence terminée, la ministre de la Santé annonçait sur RTL son intention de saisir les juges pour « incitation à la consommation ».

Antonin Cohen et Sébastien Béguerie, les jeunes créateurs du produit, en reviennent à peine. « On se doutait un peu qu’il y allait avoir une polémique, mais à ce point… ». Le « e-pétard » qu’ils ont mis au point (bien qu’ils réfutent l’appellation) est fabriqué à base d’huile de chanvre, une variété de cannabis cultivée légalement en France. Il ne contient pas de THC, la substance psychotrope du cannabis, mais un autre cannabinoïde, non psychotrope : le cannabidiol (CBD), réputé pour ses propriétés antalgiques et anxiolytiques.

Un produit légal
Théoriquement, la KanaVape respecte le droit français, puisqu’elle est conçue à partir d’une substance légale. D’ailleurs, le marché abonde de produits à base de chanvre, du cosmétique à l’alimentaire, en passant par le textile. « La France est même l’un de plus gros producteurs du monde. On exporte nos graines au Japon »,  rappelle Sébastien Béguerie. Mais ce succès commercial n’émeut pas Marisol Touraine, qui a affiché sa ferme intention d’interdire les e-cigarettes d'un nouveau type.

Mais ce ne sera pas chose aisée. « A moins d’inscrire le CBD sur la liste des substances illicites, je ne vois pas comment les juges pourront s’opposer à leur commercialisation, s’interroge Joseph Breham, avocat pénaliste qui a défendu Bertrand Rambaud, un patient militant du cannabis thérapeutique. C’est un produit légal ».

La ministre de la Santé en est d’ailleurs consciente. C’est pourquoi elle attaque sur un autre front, celui de l’ « incitation ». « Les fabricants peuvent être poursuivis pour avoir présenté sous un jour favorable la consommation de stupéfiants », poursuit Joseph Breham. L’infraction est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. « Mais l’ont-ils fait ? Cela n’est pas facile à prouver. Et les juges condamneraient alors une forme de marketing, pas le produit lui-même ».

« Une campagne cavalière »
Et en matière de marketing, la stratégie n’a pas été d’une grande clarté. Vendu pour ses « bienfaits sur le stress, la relaxation, le sommeil » et ses propriétés antipsychotropes, le produit a semblé surfer dans un premier temps sur la vague du cannabis thérapeutique. Ses créateurs ont d’ailleurs fondé une association pour promouvoir le cannabis à usage médical. Mais comme le marché est large, la KanaVape vise aussi les consommateurs de cannabis et de tabac, fumé ou vapoté. Et puis, tout les autres.

Et cela, les spécialistes de la santé n’apprécient pas. « C’est une campagne médiatique irresponsable,  s’agace Bertrand Dautzemberg, pneumologue et président de l'Office français de prévention du tabagisme. Le produit lui-même ne pose pas de problème, mais en faire une promotion à visée thérapeutique est intolérable. Il n’y a pas d’essai clinique, aucune contre-indications… Quant aux allégations contre le stress ou les troubles du sommeil, elles sont illégales si elles ne sont pas prouvées ».

Amine Benyamina, addictologue à l’hôpital Paul Brousse, regrette lui aussi une « campagne un peu cavalière, qui nuit au débat sur le cannabis thérapeutique ». Certaines associations d'usagers de stupéfiants n'en pensent pas moins.

« Des effets similaires à l’eucalyptus »
D’ailleurs, depuis, du côté de l’entreprise, le discours commercial a changé de teneur. « Il y a eu des amalgames. La KanaVape n’est pas un médicament thérapeutique. Elle ne s’adresse qu’à ceux qui consomment déjà du cannabis, dans une optique de gestion des risques », explique Sébastien Béguerie.

« Nous voulons communiquer sur le chanvre et ses bienfaits. C’est pour cela que nous avons organisé cette promotion », précise-t-il. Quant aux effets « relaxants », « ils sont dus à l’huile de chanvre, qui contient des microdosages de CBS inférieurs à la dose thérapeutique. En gros, ça a des effets similaires à ceux de l’huile d’eucalyptus ». Tout de suite moins glamour…

 

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