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Reflet de soi-même sans les tics

Syndrome Gilles de la Tourette : une nouvelle thérapie par la vidéo

Par Audrey Vaugrente

En montrant une vidéo d'eux-mêmes sans tics à des malades atteints du syndrome Gilles de la Tourette, des chercheurs ont constaté une réduction de la fréquence de ces désordres.

David Goldman/AP/SIPA
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Des gestes brusques, des cris soudains, parfois répétés plusieurs fois. Ces tics forment le quotidien des personnes atteintes du syndrome Gilles de la Tourette. Des thérapies comportementales les aident à mieux contrôler ces impulsions… mais elles épuisent les patients. En fin de journée, on observe souvent une recrudescence des tics. Une étude, parue dans Cognitive Neuroscience, ouvre une nouvelle piste de traitement. En présentant aux malades des vidéos d’eux-mêmes, sans tics, il serait possible de réduire leur fréquence.

 

Deux groupes différents

Cette étude allemande rassemble deux essais. Dans le premier groupe, 12 patients ont été placés, seuls, dans différentes pièces. Les tics, leur fréquence et leur variété, ont été soigneusement observés et enregistrés. Ensuite, chaque participant a été placé devant un miroir. Les mesures ont été répétées. Dans le second groupe, 16 patients ont suivi le même processus. Les chercheurs leur ont ensuite présenté pendant 3 minutes une vidéo d’eux-mêmes, sur laquelle ils ne souffraient pas de tics.

 

Détourner l’attention du cerveau

En moyenne, les patients ont exprimé la moitié de leur « répertoire » de tics, et 16 % de tics en plus, qui n’avaient pas été mesurés lors des contrôles. Mais, « étonnamment, la fréquence des tics s’est accrue lorsque les patients ont vu leurs tics dans le miroir », notent les auteurs. Les malades se concentreraient plus sur leurs tics que sur leur reflet général. « L’échopraxie (reproduction des mouvements d’un tiers) est un phénomène courant chez les patients atteints du syndrome Gilles de la Tourette », poursuivent les chercheurs. « Ils ont tendance à imiter les mouvements et les gestes des personnes qui les entourent, mais aussi ceux des autres malades, parfois en les intégrant à leur propre répertoire. Une forme d’échopraxie sur soi-même pourrait être l’une des raisons pour laquelle les tics étaient plus fréquents face au miroir », concluent-ils.

 

 

La vidéo sans tics, elle, a permis de réduire fortement la fréquence des manifestations du syndrome. Là encore, les auteurs de l’étude formulent une hypothèse : il s’agirait de détourner l’attention du cerveau. Face à une image d’eux-mêmes sans tics, les patients se concentreraient plus sur leur reflet que sur le contrôle de leur maladie. Une piste intéressante dont les chercheurs espèrent qu’elle sera, à terme, intégrée aux thérapies comportementales.

 

Regardez le témoignage des personnes atteintes du syndrome Gilles de la Tourette :