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Maltraitance infantile

Affaire Marina : 255 infanticides sont commis chaque année

Par Audrey Vaugrente

Les mauvais traitements infligés aux enfants représentent 33 000 appels annuels au 119. Dans la plupart des cas, il s’agit de violences psychologiques, le plus souvent par la mère.

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« Une sous-estimation de la notion de danger. » Voilà comment Alain Grévot explique le décès de la petite Marina, qui a succombé aux coups de ses parents en 2009, à l’âge de 8 ans dans un rapport sur le fonctionnement de services sociaux. Pourtant, chaque année, 255 infanticides sont commis selon l’Institut de la Santé et de la Recherche médicale (Inserm).

 

2,7 à 11,8 cas pour 1 000

Les violences faites aux enfants semblent largement passées sous silence en France. Lors d’un colloque organisé au Sénat, en juin 2013, la pédiatre et épidémiologiste Anne Tursz a fait état d’un véritable fossé entre les estimations et les chiffres officiels. On estime que le taux d’enfants en danger oscille entre 2,7 et 11,8 pour 1 000 selon les régions. Bien loin des 10 % d’enfants maltraités ou négligés dans les pays développés, selon une étude du Lancet. Ce décalage n’a rien d’étonnant : le dernier rapport, rédigé par l’Observatoire national de l’Action sociale (ODAS), sur la maltraitance des enfants et leur profil remonte à 2006. L’Observatoire national de l’Enfance en danger (ONED), censé reprendre le flambeau, n’a commis aucune étude aussi précise depuis.

 

91 appels par jour

Pour obtenir le portrait type de l’enfant maltraité, il faut se tourner vers le 119, « Allô enfance en danger. » En 2013, il a traité 33 000 appels, soit 91 par jour... Le bulletin 2014 fournit toutefois une image assez précise des maltraitances faites à l’encontre des enfants. Dans près de 13 000 cas, l’information a été considérée comme « préoccupante », ce qui signifie que l’enfant concerné est en danger ou en risque de danger. A l’origine de ces appels, les parents en premier lieu (15 %), le mineur concerné en second lieu (11 %).

 

Un pic entre 10 et 13 ans

Avant 12 ans, ce sont les garçons qui sont le plus en danger, puis la tendance s’inverse, nous apprend ce rapport annuel. Mais globalement, un certain équilibre s’esquisse entre les deux sexes, avec un pic de cas entre 10 et 13 ans. Les violences psychologiques, souvent ignorées, représentaient tout de même un appel sur trois. Suivaient les violences physiques (24 %) et les négligences lourdes (18 %). Dans 9 cas sur 10, l’auteur présumé des violences était un adulte : mère (48 %), père (32 %) et beaux-parents (9 %). Cela correspond parfaitement à l’explication de l’unité 750 de l’Inserm, qui estime que les facteurs psycho-affectifs sont prédominants dans la maltraitance infantile.

Une fois ces appels émis, sont-ils suivis d’actes ? Dans 8 situations préoccupantes sur 10, une évaluation a été diligentée, surtout par les services sociaux. Suivi de proximité en tête, mais aussi des mesures administratives ou judiciaires si la maltraitance est avérée.