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Analyse 2004-2014

OFDT : la consommation de tabac continue de baisser en France

Par Julian Prial

L'OFDT révèle que les ventes de tabac ont baissé pour le 27e mois consécutif en France. Dans ce bilan de la dernière décennie, l'Observatoire explique les raisons de la chute inexorable de ce marché.

DURAND FLORENCE/SIPA

En mai 2014, les ventes de tabac continuent de reculer : c’est le 27ème mois consécutif de baisse, hormis les mois d’octobre et décembre 2013, pour les cigarettes (-10,4 % par rapport à mai 2013) et le 7ème mois pour le tabac à rouler (-9,5 %). Par ailleurs, les ventes de traitements pour l’arrêt du tabac sont aussi en nette diminution, pour le 9ème mois d’affilé (-27 %), principalement les patchs (-57 %) et le Champix (-34 %). Et à en croire l'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), la e-cigarette n'est pas étrangère au bouleversement de ce marché. Même s'il souligne que depuis dix ans déjà, le tabac en France est malmené par les pouvoirs publics. Avec un seul but : faire baisser la consommation des Français vu que le tabac restait encore en 2013 la première cause de mortalité évitable. Une décennie à lutter faite d'échecs et de réussites, d'après la dernière analyse faite par l'OFDT : "Le tabac en France : un bilan des années 2004-2014."


Des lois antitabac de plus en plus restrictives
Cette analyse souligne les dates clés de la lutte contre la tabagisme en France. Ainsi, depuis le 1er février 2007, l’interdiction de fumer est étendue à tous les lieux fermés et couverts recevant du public : les établissements de santé et scolaires, ainsi que tous ceux accueillant des jeunes mineurs, les lieux de travail et l’ensemble des transports en commun. Les lieux de «convivialité» (bars,discothèques,restaurants, hôtels, casinos, etc.) ont eu jusqu’au 1er janvier 2008 pour s’y conformer.

Cette interdiction a bénéficié, dès sa mise en place, d’une très large approbation dans la population française, qui s’est encore renforcée plus de quatre ans après. Résultat en 2012, 94 % des non-fumeurs et 88 % des fumeurs se déclaraient favorables à l’interdiction de fumer dans les restaurants.
Par ailleurs, c'est à partir de juillet 2009 que l’interdiction de vente s’applique à l’ensemble des mineurs et prohibe les cigarettes « aromatisées. »
Enfin, les règles d’étiquetage des produits du tabac ont été renforcées. Ainsi, la mention « Fumer tue » ou « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage » doit à présent obligatoirement figurer sur 30 % de la face externe des paquets des produits du tabac, de même qu’un message sous forme d’une photographie couleur commentée, sur 40 % du verso. Jusqu'au paquet neutre, que Marisol Touraine, ministre de la Santé, aimerait bien imposer aux buralistes prochainement.

Des hausses de prix sans grands effets sur les fumeurs
Autre volet mentionné dans le rapport, celui des hausses de prix du tabac. En 2003-2004, l’État a décidé par exemple, dans le cadre du premier Plan cancer, d’augmenter le niveau de taxation des produits du tabac. Le paquet de cigarettes de la marque la plus vendue est passé de 3,60 euros en décembre 2002 à 5 euros en janvier 2004, soit une hausse inédite de 39 % en 14 mois. Cette forte augmentation a provoqué une baisse des ventes mais à un report partiel vers les achats transfrontaliers. D’environ 90 000 tonnes en 2002, les ventes ont diminué de 12 % en 2003 puis de 17 % en 2004, n’atteignant plus que 65 000 tonnes.
Parallèlement, les achats dans les pays limitrophes, quasiment inexistants avant cette date ou compensés par ceux des étrangers en France, se sont développés, atteignant dès 2005 quelque 12 000 tonnes pour les seules cigarettes.

Pourtant, malgré les mesures de lutte contre le tabac, la part des fumeurs en France n’a non seulement pas baissé (comme elle le faisait depuis au moins une quinzaine d’années), mais a augmenté entre 2005 et 2010. Chez les adultes, la proportion de fumeurs quotidiens est ainsi passée de 28 % à 30 %, et leur nombre est estimé en 2010- 2011 à environ 13,4 millions. Néanmoins, la quantité moyenne de cigarettes fumées quotidiennement a diminué entre 2005 et 2010.
De plus, la France se situerait dans la moyenne européenne (28 % de fumeurs actuels), mais parmi les pays les plus consommateurs d’Europe de l’Ouest.

Le e-cigarette sonne-t-elle le glas du tabac 
Mais jusqu'à quand ? Car le marché de la e-cigarette, en pleine expansion en France, bouleverse les habitudes des fumeurs. Selon l’enquête ETINCEL-OFDT (Enquête téléphonique pour l’information sur la cigarette électronique), 9 % des expérimentateurs déclarent n’avoir jamais ou presque fumé du tabac. Une proportion toute autre pour ceux qui font de la e-cigarette un usage régulier. En effet, un tiers des vapoteurs quotidiens sont des anciens fumeurs et deux tiers des fumeurs actuels.
Par ailleurs, les vapoteurs sont nombreux à déclarer que leur principal objectif à terme est d’arrêter complètement le tabac et la cigarette électronique (51 %) ou de réduire leur consommation de tabac (30 %), la motivation financière (« faire des économies ») étant beaucoup moins souvent évoquée (6 % des enquêtés), tout comme le fait de pouvoir vapoter partout (5 %).
Enfin, la cigarette électronique impacte sans conteste le marché du tabac, en réduisant la quantité moyenne consommée par les fumeurs.
Mais le vapotage n'est pourtant pas encore la solution miracle. Preuve en est, "en novembre 2013, 1 % de la population estimait avoir totalement arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique, pour une proportion de 34 % de fumeurs en 2010", conclut le rapport de l'OFDT.