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La sciatique du bras

Par le Dr Jean-François Lemoine

Je vais vous parler aujourd’hui de la sciatique du bras. Vous ignoriez qu’il puisse exister une sciatique du bras… Et vous aviez raison ! Mais le mot « sciatique » a éveillé votre curiosité, car la sciatique, tout le monde la connaît, et la craint. Si je vous avais dit : « névralgie cervico-bracchiale », cela ne vous aurait même pas interpelé. C’est pourquoi j’ai parlé de la sciatique du bras !… Vous supposez qu’on retrouve les même symptômes que pour une sciatique, pas au niveau du dos, mais au bras.Vous brûlez, mais il faut préciser que la sciatique ne résume pas le mal au dos. 

Le nerf sciatique part de la colonne vertébrale et va jusqu’aux doigts de pieds, en passant par la fesse, la cuisse et la jambe. Ce qui explique que lorsque ce nerf souffre, on peut souffrir à tous ces endroits. Et bien l’équivalent en haut, pour l’épaule, le bras et les mains, s’appelle le nerf cervico-bracchial.
Et différence, la névralgie cervico-bracchiale est encore plus douloureuse que la sciatique. Avec une caractéristique pas réjouissante. Ceux qui souffrent de sciatique identifient très bien l’endroit où ils souffrent et surtout les mouvements qui provoquent cette souffrance. Il suffit donc de s’immobiliser ou de ne pas faire de mouvement pour que la douleur cesse. Dans les névralgies cervico-bracchiales, il n’y a pas de cela. 

La douleur survient un peu n’importe où sur le trajet du nerf, sous forme de décharge électrique ou d’engourdissement dans les doigts, de douleur violente au niveau du coude, de l’épaule, et aucun changement de position ne vient la soulager. Le sommeil est quasi-impossible. Dans des cas, pas si rares que cela, c’est une véritable urgence en raison de l’intensité de cette douleur, et l’épuisement qu’elle provoque.
La sciatique est souvent due à une hernie ou un disque vertébral en mauvais état dans le bas du dos. Si la hernie au niveau du cou peut exister, la plupart du temps, c’est l’inflammation qui gêne la sortie du nerf, et cette inflammation est due surtout à l’arthrose.



Alors que peut-on faire ? Et bien d’abord, rester un peu humble. On peut soulager – heureusement – à défaut de savoir traiter. Et c’est la nature qui va régler le problème en 6 semaines. Généralement, pas  plus, pas moins. 
On peut quand même aider cette nature. D’abord, car – comme vous me l’entendrez souvent répéter –, il est inadmissible dans notre pays de laisser des gens souffrir, alors que l’on a des médicaments très puissants. Et là, il ne faut pas hésiter et vaincre la réticences des médecins, et aussi des malades, à employer des médicaments puissants, très puissants. Tout comme les anti-inflammatoires qui viendront au bout de l’inflammation. Et les plus puissants, ce sont les corticoïdes à forte dose. Ce sont des médicaments qui n’ont pas bonne réputation, mais qui ont pourtant sauvé des milliers de vies.
Là encore, la justesse de la prescription peut faire d’un médicament un ange ou un démon. Dans le cas de la névralgie cervico-bracciale, ils ont un effet magique. A condition de respecter scrupuleusement la prescription. En particulier, les modalités d’arrêt. Car à forte dose, ils bloquent la sécrétion naturelle, qui est vitale, et il fut absolument relancer la machine en diminuant progressivement les doses sur une à deux semaines selon le niveau de départ.
En revanche, on a très rarement besoin de chirurgie : en cas de hernie due à un traumatisme, peut-être. Mais je le répète pour ceux qui, en ce moment, souffrent de cela, ils sont nombreux : en six semaines, le problème est réglé… s’il s’agit bien de cela !

Certains d’entre vous sont probablement tentés par les manipulations. Je n’ai rien contre les ostéopathes qui travaillent après avoir vérifié par une radio qu’il ne s’agit pas d’une fracture qu’ils vont aggraver. Si votre ostéopathe ne s’aide pas de cet examen, c’est vrai que j’ai un doute. Dans la névralgie cervico bracchiale, leur recours n’est pas évident. En revanche, ce que l’on appelle des tractions douces faites par un kinésithérapeute ou ostéopathe compétent peuvent être utiles. Tout comme le port dune minerve, mobile, au niveau du cou, qui peut empêcher les mouvements générateurs d’inflammation.