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Chikungunya

Moustique tigre : 1 patient sur 2 ne s'estime pas guéri 2 ans après

Par la rédaction

Depuis le 1er mai, 54 cas importés de chikungunya ont été confirmés en métropole à l'InVS. Un bilan inquiétant sachant que 55 % des patients ont une qualité de vie altérée à 2 ans.

Richard Crampton / Rex /REX/SIPA

Le bilan des cas importés en métropole de chikungunya ne cesse d'augmenter ! Tous les jours, les Agences régionales de santé (Ars) rapportent en effet de nouvelles contaminations à l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). Ainsi, du 1er mai au 16 juin, 54 cas importés de chikungunya ont été confirmés dans les 18 départements métropolitains où le moustique Aedes albopictus est implanté. Et même s'il n'y a eu pour le moment aucun cas autochtone, ce bilan inquiète les autorités sanitaires. Car au-delà du risque d'épidémie en métropole qui est présent, les médecins savent que bon nombre de ces patients infectés guériront très difficilement.

Un patient sur deux ne guérit pas
En effet, une étude publiée fin 2012 a été menée par des chercheurs de l'InVS en 2005-2006, lors de l'importante épidémie d’infection à chikungunya (CHIK) qui a touché  les îles de l’océan Indien et particulièrement la Réunion (38,2 % de la population infectée). Les résultats de ces travaux, qui portaient sur 391 patients atteints d’infection CHIK (1), diagnostiqués en France métropolitaine, ont montré que deux ans après le début de leur infection, 55 % des patients ne s'estiment pas guéris et avaient une qualité de vie détériorée.  

Un constat compréhensible lorsqu'on sait que l’infection à virus chikungunya entraîne des atteintes articulaires, souvent très invalidantes, concernant principalement les petites ceintures articulaires (poignets, doigts, chevilles, pieds) mais aussi les genoux et plus rarement les hanches ou les épaules.
A cette atteinte articulaire s’associent fréquemment des maux de tête, accompagnés de fièvre, des douleurs musculaires importantes, une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres, une inflammation d’un ou plusieurs ganglion(s) lymphatiques cervicaux ou encore une conjonctivite.

Cependant, les auteurs reconnaissent des limites à leurs travaux. Notamment le fait que ces résultats ont été obtenus à partir d'auto-questionnaires. Il s'agit donc d'une souffrance ressentie et non pas mesurée. Les patients n'ont pas subi d'examens cliniques. De plus, les comorbidités ont pu avoir un impact sur la qualité de vie avant la survenue de l'infection à chikungunya, précisent-ils. 



Evolution de la qualité de vie selon la guérison ou non, étude chikungunya, France métropolitaine, 2005-2007 (Source InVS)

Une probabilité de guérison moindre chez certains patients
Cette recherche révèle aussi une autre donnée intéressante. Celle que la probabilité de guérison était moindre chez les patients de plus de 50 ans, mais aussi chez ceux ayant une comorbidité (maladie articulaire) ou ayant eu une durée longue de la phase initiale d'infection.
En outre, l’altération de la qualité de vie chez les personnes non guéries avait des niveaux semblables à ceux observés chez des patients ayant des maladies rhumatologiques chroniques (arthrose, polyarthrite rhumatoïde). 

Enfin, l'étude a toutefois révélé une bonne nouvelle : les patients guéris recouvraient un niveau de qualité de vie identique à celui de la population générale.
 « Ces résultats montrent l’importance d’un suivi médical jusqu’à guérison complète pour s’assurer d’un retour à la normale de l’état de santé et de la qualité de vie ressentie et d’un soutien psychologique pour prévenir une éventuelle dépression ou anxiété due à l’évolution chronique de la maladie », concluaient les auteurs.

(1) incluant les patients se déclarant non guéris et ceux ne sachant pas s'ils étaient guéris