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4300 patients interrogés

Cancer : la préservation de la fertilité négligée en France

Par Melanie Gomez

Les méthodes de préservation de la fertilité  sont sous-utilisées en France d’après une enquête réalisée auprès de patients deux après leur cancer.  

Sang Tan/AP/SIPA
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6 % des cancers surviennent chez des personnes de 15 à 44 ans en France. Pour ces jeunes adultes, fonder une famille est souvent un enjeu majeur de l’après cancer. Lors de l’annonce de leur maladie, la plupart des hommes et des femmes de moins de 45 ans se pensent aptes à procréer et un projet parental est fréquent (37 % des hommes, 31 % des femmes). Chez les moins de 35 ans, c’est un désir encore plus présent puisqu’il peut concerner jusqu’à 75% des malades atteints de cancer vivant en couple.
Mais le cancer, et surtout ses traitements comme la chimiothérapie ou les rayons, peuvent avoir un impact négatif sur la fertilité. Cependant, les évolutions de la médecine permettent désormais d’offrir la possibilité de la procréation médicale assistée pour accomplir son désir d’enfant, y compris après un cancer. Pourtant, d’après les résultats de l’enquêtes VICAN 2 réalisés par l’Institut national du cancer (INCa) et l’Inserm, la congélation des spermatozoïdes, des ovules ou même des embryons, est pour le moment sous-utilisée en France.

 

Seules 2,2% des femmes ont pu conserver leur gamètes

Dans cette enquête qui a recueilli les témoignages de plus 4300 patients deux ans après leur cancer, l’un des chapitres a ainsi permis d’étudier les conséquences du cancer sur la fertilité. Les auteurs de cette analyse ont donc questionné les participants de moins de 45 ans sur l’accès aux techniques de préservation de la fertilité et sur leurs projets parentaux. L’idée de ce volet « fertilité » était d’apporter un éclairage sur la mesure 21 du Plan Cancer 2009-2013 qui mentionnait le besoin de garantir un accès égal aux innovations permettant la préservation de la fertilité.
Au final, de nombreux progrès restent à faire. D’une part, seuls 2/3 des patients concernés se sont vu proposer de conserver leurs gamètes. Et au final, cette conservation n’a été réalisée que chez 15,8 % des hommes qui étaient fertiles au moment du diagnostic, et pour seulement 2,2 % des femmes avant la réalisation du traitement de leur cancer. Ce très faible recours chez les femmes pourrait s’expliquer par le caractère plus complexe et expérimental des techniques de préservation de la fertilité disponible.

 

Ecoutez Anne Burstin, directrice générale de l’Inca: « Trop peu souvent, des consultations de la préservation de la fertilité sont proposées, surtout aux femmes. Nous allons travailler avec l’ensemble des professionnels pour les sensibiliser à cette nécessité. »

 

Manque d’information chez les médecins

Le manque d’information est également présent parmi les professionnels de santé. En effet, certaines techniques innovantes, telles que la conservation de tissu ovarien demeurent mal connues. Une étude menée auprès d’oncologues exerçant en PACA-Corse indique que 54 % n’ont jamais adressé un patient en consultation d’onco-fertilité et qu’ils n’informent que rarement les patients des possibilités de préservation du fait d’un manque d’information, particulièrement chez la femme

Enfin, d’après l’INCa, l’autre difficulté réside dans le fait qu’il est parfois difficile de connaître précisément dès le diagnostic, le pronostic des patients et l’impact des traitements sur leur fertilité. Ainsi, en 2004-2005, lors de la première enquête nationale deux ans après un diagnostic de cancer, un tiers des personnes interrogées se déclaraient infertiles du fait de leur traitement. Parmi elles, 30 % des femmes et 13 % des hommes indiquaient ne pas avoir été informés de ce risque avant le début du traitement. Cependant, les pouvoirs publics restent mobilisés sur le sujet. En 2013, le rapport « Fertilité et cancer » publié conjointement par l’INCa et l’Agence de la biomédecine a déjà mis en évidence l’insuffisance de la prise en compte des risques d’infertilité auxquels sont exposés les patients alors qu’elle devrait être systématique. Par ailleurs, une information standardisée devrait être prochainement proposée via la remise systématique de brochure ou la conception d’outils informatisés pouvant améliorer l’information des patients et des professionnels de santé concernés.

 

 

 

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