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Etude sur un ver

Un antidiabétique retarde le vieillissement des cellules

Par Audrey Vaugrente

L’antidiabétique le plus utilisé, la metformine, pourrait aussi être bénéfique contre le vieillissement cellulaire. C’est ce qu’affirme une étude menée sur une espèce de ver.

En haut, le ver sans metformine, en bas le ver sous metformine (Wouter De Haes)

La metformine, anti-âge en plus d’être antidiabétique ? Les recherches n’en sont encore qu’au ver, mais elles ont montré les bienfaits de ce médicament contre le vieillissement cellulaire. Dans PNAS, revue de l’Académie américaine des Sciences, une équipe belge détaille les résultats d’une étude prometteuse.

 

Des dérivés nocifs d’oxygène

Les chercheurs ont découvert que la metformine influence la production de dérivés toxiques d’oxygène (ROS), que le corps libère naturellement. Elle booste la fabrication de ces molécules potentiellement toxiques pour l’ADN ou les protéines. On a longtemps pensé qu’elles étaient responsables du vieillissement.
Mais à faible dose, les ROS peuvent aussi avoir des effets bénéfiques, ont noté les chercheurs, puisqu’elles rendent les cellules plus robustes. « Tant que la quantité de dérivés nocifs d’oxygène libérés dans la cellules reste faible, l’effet est bénéfique à long terme sur la cellule. Les cellules utilisent les particules réactives d’oxygène à leur avantage, avant qu’elles ne puissent causer des dommages », explique Wouter De Haes, principal auteur de l’étude. « La metformine provoque une légère hausse du nombre de molécules toxiques d’oxygène. Nous avons découvert que cela rend les cellules plus fortes et prolonge leur durée de vie en bonne santé. »

 

De longues années de recherche

Avant de parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont testé la metformine sur un petit ver, le Caenorhabditis elegans. Cette espèce est idéale dans l’étude du vieillissement, car elle ne vit que 3 semaines et présente un vieillissement très visible : « En vieillissant, les vers rétrécissent, se rident et deviennent moins mobiles », souligne Wouter De Haes. « Mais les vers traités à la metformine présentent une perte de taille très limitée et n’ont aucune ride. Ils ne vieillissent pas seulement plus lentement, ils restent aussi en bonne santé plus longtemps. » Un fonctionnement proche du principe selon lequel « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. »

 

La metformine comme arme anti-âge appartient encore au domaine de la recherche. D’une part, parce que les chercheurs reconnaissent que le mécanisme d’action de l’antidiabétique reste flou. L’an dernier, une équipe québécoise a évoqué une possible explication : la metformine réduit la production des cytokines inflammatoires, qui activent le système immunitaire, tout en reconnaissant qu’il ne s’agit que d’un mécanisme parmi d’autres. D’autre part, le vieillissement humain ne fonctionne pas de la même manière que celui du ver. En attendant une hypothétique translatiotn chez l’homme, le médicament reste au centre des attentions : nombreuses sont les études qui ont suggéré ses bienfaits contre certains cancers et maladies cardiaques.