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Analyse de l'INSERM sur les inégalités sociales

Aliments : les Français plébiscitent les logos sur les étiquettes

Par Julian Prial

Après plusieurs experts qui ont signé une pétition, les Français sont favorables à des logos indiquant sur les emballages la qualité nutritionnelle des produits.

A. Gelebart/20 Minutes/SIPA

Des logos clairs pour identifier la qualité des aliments, c'est ce que réclame une pétition actuellement en ligne lancée par des sociétés savantes, des associations professionnelles de santé et des associations de consommateurs. Les 2 700 signataires défendent un système d’étiquetage indiquant la qualité nutritionnelle du produit.
Avec cette requête, ils réagissent en fait à la résistance des lobbies de l’industrie agroalimentaire concernant un  rapport remis en janvier dernier à la ministre de la Santé. Le Pr Serge Hercberg proposait notamment « d’aider les consommateurs à orienter leurs choix au moment de l’acte d’achat vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle et réduire la pression du marketing orientant vers la consommation d’aliments de moins bonne qualité nutritionnelle. » Une proposition intéressante tant les Français semblent aujourd'hui perdus face aux emballages alimentaires.

Les consommateurs ne regardent pas les étiquettes
En effet, dans un document publié ce mercredi, des experts de l'Inserm ont mené une analyse des inégalités sociales de santé en lien avec l’alimentation et l’activité physique à partir de données issues de la littérature scientifique. Selon ces scientifiques, la plupart des études montre que les consommateurs en ont une compréhension partielle. Ils disent l’utiliser, mais le font en pratique assez peu au moment de l’achat. Et en Europe, les consommateurs français sont ceux qui regardent le moins les étiquettes nutritionnelles et les comprennent le moins bien.

De plus, selon le Baromètre Santé Nutrition, ce faible niveau de compréhension s’est aggravé entre 2002 et 2008. Et plusieurs études soulignent par ailleurs que la compréhension de l’étiquetage nutritionnel est d’autant moins bonne, et son utilisation est d’autant moins fréquente que le niveau d’éducation est faible. De même, plus les personnes se disent influencées par le prix, moins elles déclarent utiliser l’étiquetage.
Pour cette équipe de l'Inserm, « ces résultats suggèrent donc que l’affichage nutritionnel est susceptible de creuser les inégalités sociales de santé, et cela d’autant plus que le mode d’affichage le plus répandu (l’étiquetage des valeurs nutritionnelles) requiert de la part des consommateurs un minimum d’expertise pour comprendre et interpréter les informations portées sur l’emballage des produits. »

Le recours aux logos plébiscité par ces experts
S'agissant des logos qui se différencient de l’étiquetage des valeurs nutritionnelles par le fait qu’ils portent un jugement de valeur sur la qualité nutritionnelle des aliments, ils seraient mieux compris par les consommateurs européens que les références chiffrées (tableaux de composition nutritionnelle, RNJ…) selon cette analyse. « En fait, c’est la combinaison de logos en face avant des emballages et de l’étiquetage nutritionnel en face arrière qui améliorerait l’efficacité de l’information nutritionnelle et sa crédibilité par les consommateurs », précisent-ils. 

Comme d’autres études réalisées en Europe, une enquête française auprès de volontaires sains participants à la cohorte Nutrinet montre que le logo Traffic Light Multiple qui communique un jugement sur la teneur en plusieurs nutriments dans l’aliment (une pastille soit rouge, orange ou verte pour chaque nutriment), est le logo préféré par 58,5 % des personnes comparé à d’autres types de logos.
Cependant, l’analyse selon les catégories sociales amène les auteurs à conclure que le logo Traffic Light Simple (un jugement global sur l’aliment, soit 1 seule pastille rouge ou orange ou verte), serait le logo à favoriser  car il semble être mieux accepté et compris par les personnes les plus à risque nutritionnel, notamment celles appartenant à des catégories sociales moins favorisées.