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Etude publiée dans Nature

Alzheimer : une piste pour améliorer la résistance à la maladie

Par Afsané Sabouhi

Une protéine active pendant la vie fœtale et réactivé par le vieillissement pourrait protéger les neurones des attaques de la maladie d’Alzheimer.

SIPANY/SIPA
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Rien moins que « la pièce manquante du puzzle » complexe que constitue la maladie d’Alzheimer. Bruce Yankner, généticien à la faculté de médecine américaine d’Harvard, n’est pas modeste à propos de la découverte que publie son équipe dans la revue Nature. Il faut dire qu’ils viennent de mettre en évidence un mécanisme qui protégerait les neurones vieillissants de différentes agressions, et notamment de celles des protéines anormales observables dans la maladie d’Alzheimer.  

 

Point de départ de cette découverte, les observations cliniques. Certaines personnes âgées ont dans leur cerveau une accumulation de protéines béta-amyloïde et tau qui atteste d’une maladie d’Alzheimer. Mais, en même temps, ces personnes ne présentent aucun signe ou très peu de déclin cognitif. Comme si leurs neurones étaient protégés des effets toxiques de ces protéines. La pièce manquante du puzzle qu’évoque Bruce Yankner, c’est donc ce mécanisme neuroprotecteur.

 

Une protéine fœtale réactivée chez les seniors

Il repose sur une protéine baptisée REST. Elle est très active pendant le développement fœtal au moment de la formation du cerveau. Les neurones sont produits en excès puis cette protéine REST permet de faire le tri. Les neurones qui n’expriment pas cette protéine sont superflus et donc détruits. La découverte de l’équipe d’Harvard, c’est que, contrairement à ce que l’on croyait, ce mécanisme ne disparait pas avec la vie fœtale mais peut réapparaitre avec le grand âge.

 

Ecoutez Philippe Amouyel, directeur du laboratoire d’excellence DISTALZ sur la maladie d’Alzheimer : « Chez les personnes âgées qui expriment à nouveau cette protéine REST, les neurones semblent protégés des agressions d’Alzheimer. »

 

 

Protéger aussi contre Parkinson

Pour ce chercheur français spécialiste de la maladie d’Alzheimer, cette découverte est effectivement une pièce importante du puzzle. Mais c’est surtout une nouvelle approche. Au lieu de chercher les anomalies responsables de la maladie, cette équipe américaine s’est en effet intéressée aux points faibles du système de défense du cerveau. On a donc pour la première fois, une piste plausible pour expliquer pourquoi certaines personnes vivent centenaires sans le moindre signe de démence tandis que d’autres sont frappées par la maladie d'Alzheimer.

 

Ecoutez Philippe Amouyel : « Sur une voie aussi nouvelle et aussi originale, il est difficile de faire un pronostic quant au traitement mais c’est une vraie piste pour améliorer la résistance d’un individu à Alzheimer. »

 

 

Cet espoir pourrait ne pas concerner que la maladie d’Alzheimer. Car si la protéine REST protège les neurones des attaques des protéines anormales responsables de la maladie d’Alzheimer, il est probable qu’elle sache faire de même pour la maladie de Parkinson.