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QUESTION D'ACTU

Journée mondiale de l'AVC

AVC : les failles de la prise en charge pointées par la Cour des comptes

En cette journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral (AVC), la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : la prévention et la prise en charge de ce trouble montrent d'importantes lacunes.

AVC : les failles de la prise en charge pointées par la Cour des comptes Povozniuk/istock




L'ESSENTIEL
  • La Cour des comptes a publié un rapport sur la prévention et la prise en charge de l'AVC.
  • Elle note que la prévention ciblée des facteurs de risque et patients à risque reste insuffisante.
  • La prise en charge de l’AVC présente plusieurs lacunes : le manque de spécialistes, un maillage insuffisant et inégal, des soins post-AVC insuffisants.

120.000 victimes en 2022, première cause de handicaps acquis chez l’adulte, troisième cause de mortalité… l’accident vasculaire cérébral (AVC) peut avoir de graves conséquences. Un premier plan AVC, lancé il y a quinze ans, a permis des avancées dans les soins de ce trouble. Mais il y a encore d’énormes progrès à faire, notamment dans la prévention et la prise en charge de l’AVC, pour réduire son impact, prévient la Cour des comptes dans un rapport, publié ce 29 octobre.

AVC : seulement 50 % des patients sont hospitalisés dans des unités spécialisées

Grâce au plan AVC de 2010, le nombre d’unités neuro-vasculaires (UNV), spécialisées dans la prise en charge en urgence des AVC, est passé de 33 à 112 entre 2007 et 2012. Et nous comptons aujourd’hui les 140 qui étaient visés. Mais "ce nombre d’UNV ne répond plus à l’ensemble des besoins aujourd’hui identifiés par les ARS", prévient la Cour des comptes. "L’offre de soins est inégalement répartie et n’assure pas une couverture territoriale suffisante", ajoute-t-elle.

En plus d’un maillage insuffisant, les Sages remarquent que "le taux des séjours de patients pour AVC incluant un passage en UNV ne dépasse ainsi pas 50 % […], loin de l’objectif visé d’une prise en charge systématique en UNV de 90 % des victimes d’AVC".

Alors qu’il faudrait au moins une trentaine de structures supplémentaires pour répondre aux besoins et améliorer les délais de prise en charge des patients, les difficultés de recrutement de professionnels médicaux et paramédicaux spécialisés rendent leur création envisageable à court terme. Pour résoudre cette problématique, la Cour propose de "développer le recours au télé-AVC entre les UNV et les établissements de santé de proximité" et "d’élaborer un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pour la filière neurovasculaire".

Les soins post-AVC sont aussi un point important dans la lutte contre le trouble, ses séquelles et son risque de récidive. Or, la Cour des comptes pointe du doigt "des résultats insuffisants tant en effectivité qu’en efficacité" sur ce point. La programmation d’une consultation post-AVC n’est conforme que pour 60 % des patients. Ce sont "les situations les plus sévères" qui "font plus souvent l’objet de refus ou connaissent des délais de réponse élevés". Dans le détail, parmi les 75.525 victimes d’AVC rentrées directement à domicile en 2022, "17.000 d’entre elles avaient des handicaps lourds sans avoir pu accéder aux SMR (alors que paradoxalement 10.000 porteurs de handicaps légers y sont admis)".

La Cour note également que le programme Prado (programme d’amélioration du retour à domicile) devrait être plus largement déployé dans tous les établissements de santé disposant d’une UNV.

Prévention de l’AVC : des facteurs de risque encore trop peu pris en compte

Les lacunes ne sont pas uniquement visibles dans le parcours de soin des patients touchés par un AVC. Cela commence bien en amont. La prévention, mise en place pour ce trouble qui fait une victime toutes les 4 minutes, reste, en effet, insuffisante. Par exemple, "le contrôle de l’hypertension n’a pas constitué, comme le recommandait le plan AVC 2010-2014, une priorité de la politique de prévention, alors qu’il s’agit du principal facteur de risque de l’AVC" "Les résultats récents en matière de dépistage et de prise en charge de l’hypertension stagnent, voire régressent pour les femmes, et sont loin de ceux atteints dans les autres pays développés", ajoutent les experts. D’autres facteurs de risques comme l’apnée du sommeil, l’usage de drogues ou encore l’association de la contraception chimique et du tabac chez les jeunes femmes devraient également être mieux pris en compte. Les patients à risque comme ceux ayant des comorbidités ou des facteurs de risque cardiovasculaires, les plus de 60 ans ou encore les personnes ayant eu un accident ischémique transitoire, pourraient par ailleurs être mieux suivis.

Selon le rapport, des progrès peuvent aussi être faits du côté de la sensibilisation de la population, notamment sur les symptômes de l’AVC et la nécessité d’appeler immédiatement le 15, deux points importants pour favoriser une alerte rapide.

Face à l’ensemble des lacunes observées dans les soins et la prévention de la maladie, la Cour des comptes appelle à l’élaboration d'un nouveau plan AVC "permettant un pilotage efficient de l’organisation des parcours de soins des patients".

Ses autres recommandations sont entre autres :

  • Définir une stratégie nationale de communication sur la connaissance de l’AVC et l’urgence à appeler le 15.
    ​​Améliorer le dépistage et la prise en charge de l’hypertension artérielle.
  • Développer le recours à la téléconsultation d’experts en complément du maillage territorial.
  • Élaborer un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pour la filière neuro-vasculaire.
  • Adapter les textes pour inciter les acteurs de terrain à mieux collaborer.
  • Assurer que les patients aient accès à un médecin traitant.
  • Déployer davantage le programme d’amélioration du retour à domicile en sortie d’hospitalisation (Prado) pour les victimes d’AVC.
  • Impliquer les associations de victimes d’AVC et de leurs aidants dans les instances de concertation et de pilotage national des politiques de santé, du handicap et de la perte d’autonomie.
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