- Une étude américaine estime que l’usage massif du scanner pourrait entraîner des milliers de cancers, mais dans un contexte spécifique aux États-Unis.
- En France, les doses et prescriptions sont bien moindres, rendant toute extrapolation abusive.
- Les experts appellent à un usage raisonné des examens radiologiques.
Une simple radiographie pourrait-elle nuire gravement à votre santé ? Selon certains internautes, les scanners médicaux seraient à l'origine de centaines de milliers de cancers chaque année aux Etats-Unis. Une affirmation choc relayée par des figures conspirationnistes, mais qu'en est-il vraiment ?
Une véritable étude... et des dérives bien réelles
Tout part d'une véritable étude scientifique publiée en avril dernier dans la revue médicale JAMA Internal Medicine. Intitulée "Risques de cancer projetés à vie à partir des données actuelles de tomodensitométrie", elle évalue que les 93 millions de scanners réalisés aux États-Unis en 2023 pourraient entraîner environ 103.000 cas de cancers futurs. Une estimation importante, mais à replacer dans son contexte.
C'est justement ce que ne font pas certains blogs pseudo-scientifiques, comme le site suisse "Legitim.ch". Ce dernier s’empare de l’étude pour alimenter des thèses complotistes, relayées ensuite sur les réseaux sociaux, notamment par Silvano Trotta, figure bien connue du conspirationnisme francophone, sur X. Or, dès la première phrase de l'article, l'affirmation est au conditionnel : "Le recours massif au scanner aux États-Unis, qui pourrait entraîner des dizaines de milliers de cas de cancer".
Oui je sais, difficile à accepter, mais c'est la réalité.
— SILVANO TROTTA OFFICIEL (@silvano_trotta) September 1, 2025
L'étude : https://t.co/W1i8GKrAYr pic.twitter.com/dWz5K1A10Y
Les auteurs, comme la chercheuse Rebecca Smith-Bindman, ne dénoncent pas les scanners en tant que tels. Ils pointent plutôt une tendance à leur surprescription. "Il est possible que cette étude ait justement pour objectif de tirer un message d’alarme pour les prescriptions de scanner aux États-Unis", estime Iris Pauporté, directrice à la Ligue contre le cancer, interrogée par 20 Minutes.
Des précautions nécessaires, mais pas de panique
Et pour cause : les doses moyennes de rayons X reçues par les patients américains sont bien plus élevées qu'en France. "On ne peut pas transposer les données des États-Unis à la France. Il y a deux fois plus de prescriptions de scanner, et à des doses bien supérieures", précise-t-elle.
On sait depuis longtemps que les rayons X, en forte dose et sur une longue durée, augmentent le risque de cancer. C'est pourquoi les autorités sanitaires encadrent strictement ces examens. D'autres alternatives comme l'échographie ou l'IRM, moins irradiantes, sont souvent préférées lorsque cela est possible.
"Les radiographies et les scanners, c’est comme les antibiotiques, ce n’est pas automatique", rappelle la Ligue contre le cancer. Une formule qui insiste sur l’importance d’une prescription médicale justifiée, loin des peurs infondées relayées en ligne. La vraie conclusion ? Il ne s'agit pas de diaboliser les scanners, mais de les utiliser avec discernement, comme tout outil médical puissant.



