- Les aliments ultra-transformés modifient des zones clés du cerveau liées à la faim, au plaisir et à l'autocontrôle.
- Ces changements favorisent les fringales et rendent plus difficile la résistance à ces produits.
- L’inflammation cérébrale en serait l’un des mécanismes principaux.
Et si notre cerveau était reprogrammé par ce que nous mangeons ? Les aliments ultra-transformés, prêts à consommer, savoureux et toujours à portée de main, sont devenus omniprésents dans notre alimentation. Il faut dire qu’ils sont presque irrésistibles : une vaste étude internationale révèle que ces produits industriels pourraient modifier la structure même de notre cerveau, jusqu'à nous pousser à en consommer toujours plus.
Des aliments qui reprogramment le cerveau
Publiée dans la revue npj Metabolic Health and Disease, cette recherche a analysé les données de plus de 33.000 adultes britanniques, combinant questionnaires alimentaires et IRM cérébrales. Les résultats sont troublants : la consommation d'AUT est associée à des altérations de plusieurs régions clés du cerveau. Le noyau accumbens, centre de la récompense, présente une densité tissulaire réduite et un contenu en eau accru. L’hypothalamus, qui gère la faim et le métabolisme, montre une "augmentation de la cellularité", synonyme probable d'inflammation. Le pallidum et le putamen, liés au contrôle moteur et aux choix comportementaux, sont eux aussi affectés.
Ces transformations ne seraient pas uniquement dues à une mauvaise nutrition ou au surpoids : même en contrôlant l’indice de masse corporelle (IMC), les anomalies persistent. L’inflammation, mesurée par la protéine C-réactive, semble jouer un rôle clé. "Cette inflammation ne reste pas confinée au sang, elle atteint le cerveau", notent les chercheurs, qui soupçonnent les additifs industriels d'être à l'origine de ce phénomène.
Vers une crise alimentaire... et cognitive ?
Boissons sucrées, plats surgelés, nuggets, céréales, glaces… Ces produits industriels, conçus pour maximiser le plaisir sensoriel, pourraient donc littéralement hacker nos circuits neuronaux. Les chercheurs soulignent que "ces aliments pourraient altérer les régions du cerveau responsables du contrôle des pulsions et des envies alimentaires, rendant plus difficile la résistance aux choix malsains".
Près de la moitié des calories ingérées quotidiennement par les participants à l’étude provenaient d'aliments ultra-transformés. Et dans certains pays, "cette proportion atteint déjà 56 %". Au-delà du poids ou du diabète, l'enjeu est aussi neurologique : ces aliments pourraient, à long terme, favoriser le déclin cognitif. Alors, face à une offre alimentaire de plus en plus industrialisée, peut-on vraiment compter sur notre seule volonté pour faire les bons choix ?


