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QUESTION D'ACTU

Journée mondiale du cancer du poumon

«Le dépistage du cancer du poumon qui va être lancé en France, va améliorer la survie»

Ce 1er août se tiendra la journée mondiale du cancer du poumon. En prévision de cette opération de sensibilisation, le Dr Olivier Leleu, Chef du service de pneumologie et oncologie thoracique au centre hospitalier d'Abbeville, fait le point avec Pourquoi Docteur sur ce cancer qui reste le plus meurtrier de France.

\ Mohammed Haneefa Nizamudeen/istock




En 2023, 52.777 nouveaux cas de cancer du poumon ont été diagnostiqués. Les tumeurs pulmonaires malignes ont également été responsables de plus de 30.000 morts en 2022, soit près de 600 décès par semaine. Ce qui en fait la première cause de décès par cancer dans le pays. La sensibilisation et la prévention restent les meilleures armes contre la maladie, comme l'explique le Dr Leleu. 

- Pourquoi Docteur : Le panorama 2024 de l'Institut national du cancer, publié en janvier dernier, notait une hausse préoccupante des cancers du poumon chez les femmes en France. Comment expliquer cette hausse ?

Dr Olivier Leleu : On a en effet remarqué, et c’est vraiment notable, une augmentation de l'incidence du cancer du poumon chez la femme. Depuis ces dix dernières années, elle grimpe d'environ 5 % par an. Ainsi, la répartition des cas est maintenant 60 % homme, 40 % femme. S’il y a encore une prédominance du cancer du poumon parmi la gent masculine avec 32.000 cas, on approche des 20.000 cancers féminins par an.

Et comment expliquer cette hausse ? C’est assez classique, elle est liée à l'augmentation du tabagisme chez les femmes. Dans les années 70, les femmes ont commencé à suivre les hommes sur leurs habitudes tabagiques. Malheureusement, on se retrouve avec les conséquences : c’est-à-dire une hausse des cancers du poumon au sein de cette population. À l'inverse, chez les hommes, on commence à noter une stagnation, voire une certaine diminution de l'incidence du cancer du poumon. Là, c'est lié à une baisse du tabagisme masculin. 

Le cancer du poumon, 8 fois sur 10, est lié au tabac. Il est important d’en avoir conscience.

Cancer du poumon : "Des facteurs de risque plus récents ont été identifiés, notamment la pollution"

- Est-ce que d'autres facteurs de risque ont été identifiés ? 

Des facteurs de risque plus récents ont été identifiés, notamment la pollution. Une étude qui est sortie l'année dernière dans la revue scientifique Nature, a montré un lien fort entre le cancer du poumon et la pollution aux particules fines. Cela peut aussi en partie expliquer l'augmentation du cancer, notamment chez les femmes non-fumeuses.

Certaines professions peuvent aussi représenter un risque avec les expositions aux toxiques professionnels. Le premier, c'était l'amiante.

Puis, il y a des expositions environnementales. Dans certaines régions, notamment en Bretagne, dans le sud-ouest et l’est, il y a le radon, un gaz radioactif naturel inodore, incolore et inerte, présent dans le sol, et plus particulièrement les sous-sols granitiques et volcaniques. 

Projet IMPULSION : "un scanner des poumons une fois par an les deux premières années, puis ensuite tous les deux ans"

- Le cancer du sein et le cancer colorectal par exemple bénéficient de programmes de dépistage qui permettent de repérer les tumeurs à un stade précoce. Comment peut-on prévenir le cancer du poumon ?

Le poumon est un organe un petit peu particulier. Contrairement au sein, on ne peut pas le palper et repérer l’apparition de petits nodules. C'est un organe profond qui n'est pas innervé, qui ne fait donc pas mal. Ce qui est assez problématique dans le cas du cancer du poumon, car comme dans beaucoup de cancers, plus on le diagnostique tôt, meilleures sont les chances de guérison.

Ainsi, des études ont été menées sur le dépistage du cancer du poumon, notamment le dépistage par scanner à faible dose. Les résultats sont excellents. Et donc, l'Institut du Cancer (INCa) a lancé en janvier 2025, le projet IMPULSION. Il s’agit d’une étape pilote avant un programme national de dépistage généralisé du cancer du poumon. 

Le projet est de proposer un scanner du poumon aux populations à risque de cancer du poumon. C'est-à-dire les personnes entre 50 et 74 ans, qui fument ou qui ont fumé un paquet par jour pendant une vingtaine d'années. Cela va permettre de diagnostiquer des petits nodules, des petits cancers qu'on pourra opérer et où on pourra envisager une guérison. Le programme pilote sera lancé en octobre ou en novembre dans cinq régions : l'Île-de-France, les Hauts-de-France, PACA, les Pays-de-Loire et l'Auvergne-Rhône-Alpes. 

Il y aura plusieurs modalités pour bénéficier de ce dépistage. Il y aura soit la possibilité de passer par des médecins généralistes qui participent à cette campagne de dépistage, soit des spécialistes, comme les pneumo-oncologues. Ils orienteront les patients vers des centres de radiologie labellisés pour faire leur scanner. Le dépistage va reposer sur un scanner des poumons une fois par an les deux premières années, puis ensuite tous les deux ans.

C’est une vraie avancée. Comme je le disais, plus le cancer du poumon est découvert à un stade précoce, plus les chances de guérison sont importantes. Pour les petits cancers de moins de 2 cm, on a 9 chances sur 10 de guérir et d'être en vie à 5 ans. En revanche, après, une fois que le cancer est plus avancé, c'est un peu plus compliqué en termes de traitement… bien qu’on ait fait d'excellents progrès en thérapeutique, notamment avec l'immunothérapie, qui a révolutionné la prise en charge des cancers, et surtout celui du poumon.

Il y a aussi les thérapies ciblées, qui, comme leur nom l'indique, sont des traitements individualisés en fonction des types de cancers, éventuellement même de leur mutation. Il y a des grandes avancées sur les traitements, mais c'est vrai que, quand on s'oriente vers des stades métastatiques, cela reste plus compliqué. Pour l'instant, même si on peut parler parfois de guérison, cela revient majoritairement à essayer de chroniciser le plus longtemps possible la maladie.

Symptôme du cancer du poumon : "Il faut se méfier de tout amaigrissement, toute fatigue qui dure"

- Pour les personnes qui ne pourront pas bénéficier tout de suite du programme de prévention, quels sont les signes qui doivent les alerter ? 

En premier lieu, il y a les signes respiratoires. C’est-à-dire un essoufflement inhabituel ou une toux qui s'intensifie ou qui ne disparaît pas. Chez les fumeurs, la toux peut être considérée comme habituelle, mais une modification de cette dernière est le signe qui doit amener à consulter. Le fait de cracher un petit peu de sang doit aussi alerter ainsi que la douleur thoracique.
Ensuite, il y a les signes généraux. Il faut se méfier de tout amaigrissement, toute fatigue qui dure ou qui est inhabituelle. Ces symptômes doivent conduire à consulter un médecin. 

Cancer du poumon : "Il n’y a rien de tel qu'un air sain pour avoir des poumons en bonne santé"

- Est-ce que vous avez des conseils pour améliorer sa santé respiratoire ?

Pratiquer une activité physique régulière. C'est valable pour tout ce qui est cardiovasculaire, mais aussi pour tout ce qui est respiratoire. On dit qu'une activité physique - 30 min 4 à 5 fois par semaine – permet d'améliorer son état de santé, en sachant qu’on ne parle pas forcément de sport, mais d'activité physique : 30 minutes de marche fonctionnent aussi.
Et par ailleurs, même avant l'activité physique, je dirai de faire attention à son environnement, sa pollution environnementale personnelle. On parle du tabagisme bien sûr, mais aussi de la cigarette électronique. Si l'on n'est pas fumeur, il ne faut pas commencer à vapoter. On peut l'utiliser comme mode de sevrage, mais autant l’éviter si on n’est pas fumeur. Il n’y a rien de tel qu'un air sain pour avoir des poumons en bonne santé.

Mortalité du cancer du poumon : "il pourrait passer devant le cancer du sein"

- Qu'est-ce que vous aimeriez que les gens retiennent de cette journée mondiale contre le cancer du poumon ?

Il y a de vraies avancées dans la lutte contre le tabagisme, c'est vrai : les jeunes fument de moins en moins. Toutefois, il faut réinsister sur l’importance de ne pas fumer. Le tabac reste quand même un fléau. Il faut savoir que c'est le seul produit en vente libre qui tue plus de 50 % de ses consommateurs, que ça soit du fait du cancer du poumon ou par les maladies cardiovasculaires.

Il faut aussi rappeler que le cancer du poumon est le premier cancer tueur en France. C'est le premier chez l'homme, c'est le deuxième chez la femme, derrière le cancer du sein. Mais il y a des signaux qui nous font dire que dans les années à venir, il pourrait passer devant celui du sein. C’est d’ailleurs déjà le cas dans les pays d'Amérique du Nord, où le cancer du poumon est devenu la première cause de décès chez la femme. La lutte contre le tabac et la mise en place d’un dépistage pourraient aller contre le phénomène.

En effet, ce dépistage du cancer du poumon qui va être lancé en France, va améliorer la survie. Les patients diagnostiqués avec un cancer du poumon grâce à un dépistage précoce vivent plus longtemps que ceux qui n'ont pas bénéficié de dépistage. Et l’explication est simple, quand les cancers sont dépistés, ils sont bénins, et donc plus simples à traiter.

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